Pendant notre cours magistral aujourd’hui, on a appris que, pour des citoyens de l’empire français antérieur, la langue française est un héritage du colonialisme. Elle représente une forme de l’impérialisme « doux », et rappelle d’une histoire troublante.
Donc, il faut demander : pourquoi est-ce que tous les textes pour ce cours sont en français? Bien sûr, c’est un cours de français, mais à un autre niveau, pourquoi est-ce que ces auteurs, si dédiés à retrouver le nationalisme postcolonial, écrivent dans la langue de leurs colonisateurs?
Dans un article fascinant, Assia Djebar et Lyonel Trouillot—tous les deux auteurs que nous avons lu dans ce cours—discutent leurs réponses à cette problème, au sujet des politiques de la langue pour leur écriture.
Trouillot commence à dire que, pour lui, la langue est une question secondaire : en fait, il dit « le texte choisit la langue ». Il écrit en français et en créole, en admettant qu’il existe des avantages et des désavantages quoi qu’on choisisse. Bien que le français soit un héritage du colonialisme avec des racines problématiques, c’est une langue qui va rester.
Cependant, pour Djebar, la langue est très importante, même cruciale pour son écriture (quelque chose qu’on peut apercevoir facilement en lisant l’Amour, la fantasia). Djebar parle de ses origines multilingues (avec son histoire des pluralités Berbères, un sujet que Julene adresse ici), et comment le français se distingue en particulier:
I did learn to write in Arabic, but only sections of the Koran…But my experience is that people in Algeria who express themselves in French do so without taboo, and when they discuss questions about love or sex, they do so without any internal barriers. On the other hand, those who write in Arabic are affected by the religious shadow, not to mention that most of the books have a religious connection.
Le français donne plus de liberté pour l’écriture, surtout au sujet des femmes. Elle continue à dire qu’on peut parler du corps féminin seulement en langue française. À la lumière du texte l’Amour, la fantasia, on comprend son attention à ce type de la libération. Un exemple est la section « Mon père écrit à ma mère », où on apprend que la mère de la narratrice n’a jamais parlé de son mari sauf avec « le pronom personnel arabe correspondant à ‘lui’ » (54). Mais quand elle commence à apprendre le français, elle commence à dire « mon mari », même son prénom « Tahar » (55, 56), des expressions de l’amour et des expressions de la libération.
Pourquoi est-ce qu’il existe une différence en considérant la langue entre ces deux écrivains ? Est-ce que c’est une question de la religion, du sexe, ou de l’histoire différente du colonialisme entre les deux pays, l’Haïti et l’Algérie ? Ou est-ce qu’il est seulement une différence de style ?
De tous les cas, je vous encourage de lire cette conversation intéressante et informative entre deux grands écrivains francophones!