…Et je me dis Bordeaux et Nantes et Liverpool et New York et San Francisco…

Ce qui est à moi, ces quelques milliers de mortiférés qui tournent en rond dans la calebasse d’une île et ce qui est à moi aussi, l’archipel arqué comme le désir inquiet de se nier, on dirait une anxiété maternelle pour protéger la ténuité plus délicate qui sépare l’une de l’autre Amérique ; et ses flancs qui sécrètent pour l’Europe la bonne liqueur d’un Gulf Stream, et l’un des deux versants d’incandescence entre quoi l’Equateur funambule vers l’Afrique. Et mon île non-clôture, sa claire audace debout à l’arrière de cette polynésie, devant elle, la Guadeloupe fendue en deux de sa raie dorsale et de même misère que nous, Haïti où la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait à son humanité et la comique petite queue de la Floride où d’un nègre s’achève la strangulation, et l’Afrique gigantesquement chenillant jusqu’au pied hispanique de l’Europe, sa nudité où la Mort fauche à larges andains. 

Et je me dis Bordeaux et Nantes et Liverpool et New York et San Francisco

pas un bout de ce monde qui ne porte mon empreinte digitale
et mon calcanéum sur le dos des gratte-ciel et ma crasse dans le scintillement des gemmes !
Qui peut se vanter d’avoir mieux que moi ?
Virginie. Tennessee. Géorgie. Alabama
putréfactions monstrueuses de révoltes
inopérantes,
marais de sang putrides
trompettes absurdement bouchées
terres rouges, terres sanguines, terres consanguines.

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Quand Césaire étudiât à Paris, c’était une mélange, un véritable « melting pot » de culture noire—africain-américaine, caribéen, etc. Parce que tous les résidents des colonies françaises ont dû aller à Paris pour continuer leur éducation, tous les intellectuels de l’empire français, et même quelques anglophones de la Renaissance de Harlem y étaient aussi.  Donc, ils ont tous collaboré, comparé, et échangé leurs idée sur ce que signifie être noir aux Antilles, aux États-Unis, en France, etc. Il est important de tenir ce fait en mente quand on analyse ce passage où il compare les situations des noirs en Europe, en Afrique, en Guadeloupe, au Haïti, et aux États-Unis.

Il raconte l’histoire des noirs autour le monde, et il parle du monde non pas en termes de la géographie typique, c’est à dire coloniale, mais en termes de la géographie de la libération. Plus tard, il remarque sur son « originale géographe ; la carte du monde faite à mon usage, non pas teinte aux arbitraires couleurs des savants, mais à la géométrie de mon sang répandu. » Il récupère le contrôle des anciennes colonies : « ce qui est à moi ». Il examine « l’archipel arqué comme le dédit inquiet de se nier », et on imagine que cette honte a été passée des colonisateurs. Il ajoute « ses flancs qui sécrètent pour l’Europe la bonne liqueur d’un Gulf Stream », et on comprend que même où la colonisation est officiellement finie, une colonisation économique continue. Césaire admirait beaucoup l’Haïti particulièrement parce qu’il était là « où la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait à son humanité » quand l’Haïti a gagné son indépendance et a aboli l’esclavage. Et, comme les lois de « Jim Crow » régnaient encore aux États-Unis, il note la situation de « la comique petite queue de la Floride où d’un nègre s’achève la strangulation ». Cette géographie dont il parle dans ce passage cherche des autres endroits colonisés, même aux États-Unis qui avait autre sorte de colonisation.

Césaire écrit, « Et je me dis Bordeaux et Nantes et Liverpool et New York et San Francisco / pas un bout de ce monde qui ne porte mon empreinte digitale / et mon calcanéum sur le dos des gratte-ciel et ma crasse dans le scintillement des gemmes ! ». Il nous montre qu’il n’écrit que pour lui-même. Il écrit pour tous eux qui ont souffert les mêmes problèmes. Il inclue aussi les gens qui sont allées aux États-Unis ou à l’Angleterre au lieu de la France. Il dirige son discours à l’univers. Il écrit que « pas un bout de ce monde qui ne porte mon empreinte digitale », et on sait qu’il est en train de renverser les rôles du pouvoir. Il prend contrôle des territoires coloniaux et change qui les contrôle.

Puis, Césaire demande au lecteur : « Qui peut se vanter d’avoir mieux que moi ? », et il énumère « Virginie. Tennessee. Géorgie. Alabama ». On pourrait penser qu’il veut dire que les États-Unis ont une meilleure situation, mais en fait, il est en train de dire « non » le mythe du rêve américain est justement ça, un mythe. Pour ne pas confondre le lecteur, il nous rappelle des « Putréfactions monstrueuses de révoltes / inopérantes, / marais de sang putrides / trompettes absurdement bouchées / Terres rouges, terres sanguines, terres consanguines. » Il veut attirer l’attention sur le fait que même si l’esclavage est aboli aux États-Unis, l’inégalité continue. Mais, on ne peut pas oublier qu’il a aussi revendiqué son droit aux états américains, et il va les diriger vers l’insurrection et l’égalité.

Carte trouvé à: http://robertbaxter.org/us/non-classe/the-strategic-importance-of-france-and-the-french-speaking-world

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Empire and Its Contemporary Legacies