Ce qui m’intéresse beaucoup est la structure de ce roman. Trouillot suit les « règles des trois unités » d’une tragédie classique établit par Aristotle : qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli. Il convient de suivre cette forme d’écriture parce qu’en encadrant l’histoire de cette manière, la lecture est mise dans un contexte réaliste. Trouillot communique l’historique de l’Haïti dans une manière très créative : comme fiction. Comme les romans épistolaires que Hunt a mentionnés, l’histoire d’un individu a le même effet sur les lectures : il nous permet d’être empathique, d’être engagé et donc nous encourage à apprendre quelque chose d’historique de l’Haïti.
Cela est, peut-être, le but de Trouillot. Trouillot a écrit beaucoup de livres avec ce but. Un critique explique, utilisant un autre livre, « Silencing of the past » :
“It is Trouillot’s purpose to trace this process of the creation of history, cautioning us as consumers of history, to be critically aware of the “silencing of the past” and of the often ideological nature of historical narrations.”
Vous pouvez en lire plus ici: http://www.webster.edu/~corbetre/haiti/bookreviews/trouillot.htm
Trouillot prend l’avantage au fait qu’un texte est plus puissant quand on est engagé émotionnellement. Dans ce style, nous sommes emportées sur un voyage, nous nous sentons tout-ce que le héros ressent. Nous devenons compatissants ainsi que nous suivons son histoire. Tout à coup nous avons peur comme lui, nous sommes menacés comme lui. Nous le comprenons. En effet, nous pouvons comprendre ce qui s’est passé en Haïti sur un niveau plus profond que si l’on lirait un manuel académique d’histoire.
Comme anthropologue, Trouillot a plusieurs d’œuvres qui focalisent sur le genre d’historique des Caraïbes. Vous pouvez apprendre plus ici : http://anthropology.uchicago.edu/faculty/faculty_trouillot.shtml
“Magnifique écrivain Haïtien, Lyonel Trouillot écrit à sa façon un homage à tous ceux qui sont descendus dans la rue, qui ont pris le risque de mourir parce qu’ils n’avaient plus le choix. Né en 1956 à Port au Prince, où il vit toujours, il est l’un des plus grands romanciers et poètes des Caraïbes” -Anne-Marie Koenig
Je suis d’accord avec tes remarques sur l’impact émotionnel de ce roman. Dans l’introduction, Trouillot se demande, “Une foule qui marche, tombe, se relève, appartient au monde du visible, mais que diable se passe-t-il dans la tête des gens?” Je crois que ce roman est donc un réponse à cette question: il révèle les pensées d’un étudiant à un manifestation, et aussi celles des gens qu’il rencontre. Les manuels académiques d’histoire, dont tu as parlés, ne décrivent que la foule et le monde du visible. Mais on ne comprend pas l’histoire complète sans considérer les individus et leurs émotions. Et comme ça, Trouillot peut présenter l’histoire vraie de son pays dans une façon plus sincère. Dans l’interview en vidéo avec Trouillot sur dailymotion, il dit que “les personnages [dans le roman] sont, je crois, assez représentatifs…des différents aspects de la réalité Haïtien.” Ils donnent un point de vue plus large et inclusif sur l’histoire de Haïti. Ils ne sont pas seulement un “foule” pour Trouillot: ils sont des individus avec leurs propres histoires.
Merci, Sylvia, pour ce commentaire intéressant! Une petite correction: en fait le Trouillot qui a écrit “Silencing the Past” n’est pas Lyonel, mais Michel Rolph, son frère. C’est une famille assez remarquable! Cependant les deux ouevres explorent des thèmes parallèles. Et vous avez raison de vous intéresser particulièrement a la forme du roman Bicentenaire, car la forme elle même représente une méditation sur le problème de comment représenter l’histoire.
C’est intéressant aussi que le narrateur change pendant des évènements dans l’histoire, comme quand le frère de Lucien décide de voler la voiture du docteur. Dans ces situations, le lecteur reçoit des émotions de sympathie et de compréhension pour tous les caractères et leurs circonstances individuelles. Trouillout ne donne pas un résume des évènements avec juste une personne et une pointe de vue. Alors, dans ce manière, le lecteur devient plus engagé dans le texte.