Haïti et la dette extérieure

Dans l’épilogue de son livre Avengers of the New World, Laurent Dubois fait mention d’une indemnité payée par l’état haïtien à la France après vingt ans d’indépendance, inaugurant un « cycle de dette » qui a duré jusqu’au XXième siècle :

« In 1825, the Haitian government agreed to pay an indemnity to France in return for diplomatic and economic relations. Exiled planters had been clamoring for such payment for years : it was meant to repay them for what they had lost in Saint-Domingue…(303) »

On commence à voir des allusions à cette dette dans les médias comme les journalistes se bousculent pour expliquer l’état actuel du pays. Dans un article sur « l’avenir d’Haïti » pour BBC Caribbean, par exemple, l’ancien diplomate Ronald Sanders cite cette dette pour soutenir qu’il faut tenir compte de l’histoire des relations extérieures avec Haïti en reconstruisant le pays :

“Up until 1947, the Haitian state paid reparations demanded by France for plantations and slaves owned by the French…. As much as 70% of Haiti’s gross domestic product (GDP) was extracted every year for over a hundred years to pay the reparations demanded by France and endorsed by the US and some European nations including Britain.”

L’historienne haïtienne Gusti-Klara Gaillard écrit dans son livre L’Expérience haïtienne de la dette extérieure que l’incapacité des pays en voie de développement de payer une dette extérieure peut expliquer bien des problèmes dans le « tiers monde » aujourd’hui.

« Actuellement, le problème du service de la dette extérieure est source de nombreuses tensions politiques et sociales dans les pays fortement débiteurs. Leurs gouvernants évoquent l’impossibilité de consolider (voire de construire) la démocratie tout en appliquant les exigences d’ ‘assainissement budgétaire’ du Fonds Monétaire International…. (9) »

En plus, d’après Gaillard, le « chaos politique et économique » en Haïti avant l’occupation américaine de 1915 à 1934 « avait aussi des racines dans le service de la dette extérieure (10).» Ce qui est même plus révélateur, c’est que le gouvernement haïtien a proposé de payer cette indemnité à la France pour mettre fin à son isolement sur la scène internationale. De cette manière, on peut dire que cet acte a marqué le début d’une nouvelle politique « néocolonial » en France envers ses anciens territoires d’outre-mer.

Voici un appel par l’organisation Oxfam à annuler la dette extérieure haïtienne actuelle- [kml_flashembed movie="http://www.youtube.com/v/jxWHHewEMrc" width="425" height="350" wmode="transparent" /]

3 thoughts on “Haïti et la dette extérieure”

  1. Il y a quelques semaines, j’ai posté un article sur le blog qui décrivait la réaction française à l’aide américaine. Un ministre de France a suggéré que l’aide des Etats-Unis constitue une « occupation. » J’étais étonnée quand j’ai lu cet article (à cause de l’histoire entre la France et l’Haïti), et j’étais encore plus choquée quand j’ai appris qu’Haïti a dû payer des réparations à la France après la révolution. Le fait qu’Haïti était incapable de construire une infrastructure plus forte n’est pas une surprise quand on regarde cette dette extraordinaire.

    Aujourd’hui, Sarkozy est arrivé en Haïti pour donner un message de soutien au peuple haïtien. La réaction d’une personne était : « C’est un plaisir d’accueillir le président parce qu’on veut que la France nous aide. » En revanche, il y avait des gens qui ont protesté la présence de Sarkozy. L’article mentionne aussi l’opinion que la France pourrait être un contrepoids à l’influence américaine. Sarkozy a parlé un peu de la colonisation pendant sa visite, et la France annule la dette de 56 millions d’euros. Sarkozy a fait un promis aussi de donner 230 millions d’euros à l’Haïti. Voir l’article (en anglais) ici :

    http://news.yahoo.com/s/ap/20100217/ap_on_re_la_am_ca/cb_haiti_earthquake

  2. (In the English section)
    Like many others, I was aware that Haiti was the poorest country in the Western Hemisphere, long before the earthquake. And I had assumed, like many other developing nations and even some industrialized nations, Haiti had a huge debt. Nevertheless, I am surprised to learn that for decades 70 percent of Haiti’s GDP went to reparations to France. It seems so unjust. Imagine the United States after the Revolutionary War and decades later, sending 70 percent of its GDP to Great Britain. Also, I think that the amount IMF is giving to Haiti to rebuild should changed from a loan to a grant, like how Britain did. The IMF promises that Haiti will have 5 1/2 years before it must start repayments- for a country that already had a large debt before the devastation of the earthquake- to assume that in five and half years it will have money to spare for loan repayments seems a bit unrealistic.

  3. Un message intéressant, Andrew, et je voudrais ajouter un peu sur la question de la dette extérieure en Haïti maintenant, comme elle a une importance particulière après le tremblement de terre. Pour moi, il y a un paradoxe dans comment certains pays, notablement les nations de « G7 », ont réagi à la crise. Le groupe a décidé samedi qu’ils annuleraient les dettes d’Haïti, mais en même temps ces pays continuent à soutenir le FMI et d’autres organisations économiques mondiales qui donnent à Haïti des emprunts qui le pays doit rembourser.

    Voici des articles sur ce sujet :
    http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/8502567.stm
    http://timesofindia.indiatimes.com/world/us/IMF-approves-102-million-loan-to-Haiti/articleshow/5507615.cms

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