Didi de Roger Kittleson

By | March 6, 2019

Waldir Pereira, surnommé Didi, était un footballeur brésilien qui a mené l’équipe nationale à deux victoires en Coupe du Monde en 1958 et 1962, après une défaite dévastatrice à la Coupe du monde de 1950 sur son sol. Didi était un milieu de terrain pour l’équipe. Encore à ce jour, il reste l’un des plus grands milieux de football brésilien et le sport dans son ensemble l’a même vu. Didi était afro-brésilienne. Le mot utilisé pour décrire son maquillage racial était « preto » qui signifie « noir » (7). Cette noirceur était un élément clé non seulement de l’identité de Didi, mais aussi de sa relation avec le football, qui était pratiqué dans les années 50 et 60.

Bien que l’équipe de football brésilienne de l’époque soit très intégrée, les joueurs afro-brésiliens comme Didi sont victimes de discrimination. Au cours de la carrière de Didi, il n’était pas rare que les joueurs noirs aient à utiliser une entrée différente du stade pour s’entraîner ou pour jouer un match. Les Afro-Brésiliens subiraient également le harcèlement de joueurs d’autres équipes, de spectateurs et même d’arbitres. Didi et les autres footballeurs afro-brésiliens Garrincha et Pelé (les trois thèmes évoqués par Kittleson comme les « héros de l’âge d’or ») ont souvent été examinés minutieusement par leurs fans et les médias (10). Didi était la personnalité la plus réservée des trois.

Les footballeurs afro-brésiliens ont été confrontés à la discrimination et à la résilience. Ils ont utilisé cet abus non pas comme une blessure, mais comme une motivation pour devenir de meilleurs joueurs. S’adressant à Didi, Domingos da Guia a déclaré : « S’il avait été blanc, il n’aurait pas été un styliste aussi parfait et précis » (51). Encore à ce jour, il existe un débat sur la supériorité des athlètes noirs dans le sport. Beaucoup insistent sur le fait qu’il existe une différence génétique entre les individus blancs et noirs, ce qui permet aux Noirs d’être naturellement meilleurs. Domingos insiste sur le fait que ce sont les difficultés que les Noirs ont dû affronter à cause de la couleur de leur peau qui doit être attribuée à leur succès sportif.

Dans les deux victoires de la Coupe du monde, le Brésilien a qualifié Didi de « Napoléon noir » (64). En tant que milieu de terrain, il dirigeait ses coéquipiers sur le moment opportun pour passer de l’offensive à la défense. Kittleson écrit : « Didi était le chef de l’équipe » (62). C’est un rôle qui lui a valu le Ballon d’Or de la Coupe du Monde de 1958. Le trophée a été attribué au meilleur joueur du tournoi. C’était cependant un match qualificatif qui menait à la Coupe du monde de 1958, au cours de laquelle Didi apporta l’une de ses plus grandes contributions au football en créant la technique « folha seca » ou « feuille sèche » (62). C’était une technique employée lors d’un coup franc pour lequel Didi frappait le ballon et le faisait basculer vers le sol de façon inattendue, défiant presque la physique et aboutissant à un but.

En raison de sa personnalité réservée, Didi laissait souvent sa présence et ses capacités parler pour lui. Lors de la Coupe du Monde de 1962, il a attiré beaucoup moins l’attention des médias et ne lui a pas été reconnu, non pas parce que ses capacités se sont détériorées, mais parce que d’autres personnalités ont attiré davantage d’attention. La vie afro-brésilienne de Didi a toutefois continué à briller tout au long de sa carrière de footballeur. Kittleson écrit : «sa noirceur est apparue comme la source de son éclat élégant » (68).

 

 

Kittleson, Roger. The Country of Football: Soccer and the Making of Modern Brazil. Berkeley: University of California Press, 2014.

One thought on “Didi de Roger Kittleson

  1. Anna Egas

    J’aime bien comment tu as utilisé l’exemple de Didi pour parler de la situation des joueurs afro-brésiliens dans le football du vingtième siècle. Tout à fait, les joueurs noirs des équipes brésiliens étaient victimes de discrimination. Mais Kittleson nous dit que la relation entre les footballeurs afro-brésiliens et le Brésil était beaucoup plus nuancée. Bien qu’il y eût nombreux moments de racisme dans le football brésilien, Kittleson montre que l’identité nationale brésilienne du « modernisme tropicale » est basée sur des caractéristiques associées avec le « povo » (ou le « peuple »). C’est-à-dire, même s’il y avait un racisme sous-jacent dans le pays, les brésiliens ont souvent célébré des qualités des joueurs afro-brésiliens comme évidence de la supériorité physique et culturelle de la nation entière. Ces aspects contradictoires du rôle des joueurs noirs sont bien évidents dans le football des autres pays, y compris la France. Dans un article publié par « The New York Times », Elian Peltier décrit les expériences des footballeurs avec le racisme en France. Il donne l’exemple de Kerfalla Sissoko, un footballeur africain de 25 ans qui a été brutalement attaqué après un match à Strasbourg. Le racisme existe en tension avec la croissante importance et visibilité des joueur noirs dans le football français—quelque chose qui a été souligné par la victoire de la France dans la Coupe de Monde 2018. Le football professionnel est un rêve pour des milliers des jeunes joueurs. Mais, pour des joueurs noirs, ce rêve peut avoir un côté très cruel.

    Bibliographie :

    Peltier, Elian. “Racial Abuse, Then a Beating, on a French Soccer Field.” The New York Times, The New York Times, 15 Oct. 2018, http://www.nytimes.com/2018/10/15/sports/soccer/france-soccer-racism.html.

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