Pour cette semaine, la classe de français a lu l’autobiographie de Lilian Thuram, 8 juillet 1998. Écrit avec honnêteté et humilité, le récit de Thuram sur son parcours–des modestes débuts en Guadeloupe aux échons supérieurs du football français–offre de profondes réflexions sur le monde du football professionnel et les relations interraciales dans la France moderne. L’un des aspects les plus frappants de l’œuvre de Thuram est la manière dont il décrit son enfance dans une banlieue de Paris. Les banlieues sont souvent représentées comme étant pauvres et dangereuses, mais Thuram insiste plutôt sur les avantages d’avoir grandi dans des banlieues d’ethnies et de cultures différentes. Il a écrit sur le fait qu’il se sentait chanceux d’avoir été entouré de tant de cultures et d’avoir pu apprendre de ses amis des banlieues. En écrivant de la sorte sur son enfance, Thuram défie les images contemporaines des banlieues.
Plus important encore, Thuram conteste l’idée que les problèmes des banlieusards sont internes. Il écrit :
«Le regard méfiant porté de l’extérieur sur ces communautés provoque également des tensions déstabilisatrices. Mes copains qui vivaient en dehors des Fougères affirmaient avec certitude que nous étions pauvres, donc que nous ne payions ni le loyer ni l’électricité… et que la cité était un véritable coupe-gorge. » (37).
Sans minimiser les problèmes des banlieues, Thuram démontre les effets néfastes des images purement négatives sur les banlieues qui circulent dans la conscience collective française. La représentation par Thuram de la situation des banlieues rappelle le travail de certains individus, dont Jayson Harsin. Harsin a analysé la couverture médiatique des émeutes des banlieues françaises en 2005. Il constate que la couverture médiatique attribue en grande partie les problèmes des banlieues aux « cultures non-intégratrices et à l’immigration clandestine». Ainsi, les discours raciaux sont codés dans la description des habitants des banlieues même sans être mentionné explicitement. Le récit de Thuram sur la vie dans les banlieues nous rappelle ainsi que les banlieues sont beaucoup plus compliquées qu’elles ne sont souvent présentées comme telles. Les discours sur le danger des banlieues peuvent imputer la responsabilité des communautés d’immigrés à la négligence institutionnelle de l’État et de la société française. En écrivant sur ses expériences positives dans les banlieues, Thuram nous rappelle que le multiculturalisme et la diversité sont bénéfiques pour la société et non problématiques pour elle.
Bibliographie :
Harsin, Jayson. « Cultural racist frames in TF1’s French Banlieue riots coverage. » French Politics, Culture, and Society, vol. 33, no. 3, 2015, p. 47+. Academic Onefile, http://go.galegroup.com/ps/i.do?p=AONE&u=duke_perkins&id=GALE|A439632969&v=2.1&it=r&sid=summon#. Accessed 27 Mar. 2019.
Thuram, Lilian. 8 juillet 1998. Anne Carrière, 2004.
