La culture du dopage en Russie date de l’époque soviétique. De 1947 à 1991, la guerre froide, une guerre d’idéologie et d’influence, faisait rage entre l’URSS et les Etats-Unis. Le sport est devenu l’un des vecteurs de cette propagande, spécifiquement dans les pays de l’Est. En effet, les compétitions internationales constituent un moyen très efficace de révéler la puissance d’une nation au reste du monde, en particulier aux populations. Dans ce sens, on peut dire que le sport s’est politisé à cette époque. Dès les années 1960, l’URSS avait mis en place des programmes de dopage d’état principalement en actuelle Russie, en Allemagne de l’Est mais aussi dans la plupart des autres républiques soviétiques. Cela permettait à ces états de remporter de nombreuses médailles et de rivaliser avec les Etats-Unis en termes du nombre de médailles olympiques gagnées et finalement en termes de modèle politique idéologique. Depuis les nombreuses révélations récentes de dopages, il semblerait que la Russie soit toujours dans la même dynamique que pendant la guerre froide. En effet, bien que les programmes d’Etat aient théoriquement disparu après la dislocation de l’URSS en 1991, les individus impliqués tels que les entraîneurs, les scientifiques en charge des programmes ainsi que les agents du KGB ont gardé leur poste. Le programme aurait pu être poursuivi ou réinitialisé, et il l’a probablement été sous les ordres de Vladimir Poutine, ex-KGB, qui place la fierté nationale très haut dans ses priorités. [1][2]
Heidi Krieger, athlète de l’Allemagne de l’est a reçu tellement d’injection de testosterone forcée qu’elle a décidé de changer de sex, démontrant l’étendu des programmes de dopage d’états en URSS.
Comment le scandale du dopage des Jeux olympiques d’hiver russes affectera-t-il la Coupe du monde russe de 2018?
Une enquête, menée par l’avocat canadien Richard McLaren, a révélé la couverture des tests positifs de dopage de 2011 à 2015, période qui couvre celle où a eu lieu l’échange d’échantillons d’urine aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014. Sur la base d’une abondance de preuves, l’existence de ce système a été acceptée par l’AMA, le CIO et les communautés antidopage et sportives. En décembre, le Conseil exécutif a suspendu le Comité olympique russe et a créé une voie permettant aux athlètes individuels de concourir en tant qu’«athlètes olympiques russes neutres». Une commission du CIO, présidée par Denis Oswald, a également sanctionné 43 athlètes russes pour leur rôle dans la conspiration de dopage à Sotchi, disqualifiant leurs résultats et les interdisant à vie. [3]
La question de savoir comment la Coupe du monde 2018 sera affectée par le scandale du dopage russe a fait couler beaucoup d’encre, une enquête affirmant que certains footballeurs russes sont parmi les protégés du programme de dopage sponsorisé par l’Etat. Le rapport McLaren de 2016 détaillant un programme de dopage russe institutionnalisé impliquant plus de 1000 athlètes dans 30 sports, la Russie se voit interdire les Jeux Olympiques d’hiver 2018 en Corée du Sud. McLaren nomme 33 footballeurs dans son rapport, ce qui pourrait avoir un impact sur l’organisation du tournoi de l’été 2018. Dan Cogan, producteur du documentaire Icarus nominé aux Oscars, qui porte sur le scandale du dopage russe, a déclaré à The Telegraph qu’il pensait que la Fifa était une “organisation comiquement corrompue” et qu’il ne s’attendait pas à beaucoup d’action. [4]
En décembre 2017, le président du comité local d’organisation de la Coupe du monde de 2018, qui a connu un grand succès, a décidé de démissionner de son poste et d’autres responsables gouvernementaux ont supervisé et financé le dopage, a rapporté mercredi la presse officielle. Le vice-Premier ministre Vitaly Mutko, qui a été ministre des Sports de 2008 à 2016, se bat actuellement contre une interdiction à vie des Jeux olympiques par le Comité international olympique. Mutko, proche allié du président russe Vladimir Poutine, reste cependant à la tête du comité d’organisation de la Coupe du monde de Russie 2018. Alexey Sorokin, directeur général du conseil de surveillance du comité, assumera désormais le rôle de Mutko. [5]
Vitaly Mutko
Les critiques disent que la FIFA bloque une enquête sur le dopage à l’approche de la Coupe du monde. De nombreux dirigeants du mouvement antidopage critiquent l’instance dirigeante du football pour son échec à poursuivre de manière plus agressive la question de savoir si les autorités russes ont couvert les contrôles antidopage positifs des meilleurs footballeurs du pays. James Walden, un avocat de Grigory Rodchenkov, le dénonciateur et ancien responsable d’un laboratoire anti-dopage de Moscou chargé des tests, a déclaré que les officiels de la FIFA n’avaient jamais pris contact avec lui. Travis Tygart, le chef de l’Agence antidopage des États-Unis, a critiqué l’inaction apparente de la FIFA comme étant «exaspérante, les athlètes propres et le public méritant que l’impact du dopage russe sur le football, le cas échéant, soit résolu immédiatement». [6]
Malgré les années de turbulences sur le sujet et les nombreuses spéculations, la FIFA a donné une position ferme sur le fait que le scandale du dopage des Jeux olympiques ne devait pas affecter la Coupe du monde de football en Russie. Répondant à la question de savoir si le tournoi de football pourrait être affecté par le scandale olympique, le responsable des compétitions et des compétitions de la FIFA, Colin Smith, a souligné que “tous les joueurs participeront à la Coupe du Monde de la FIFA”. “Les préparatifs pour la Coupe du Monde sont en bonne voie et c’est notre objectif.” [7]
C’était Dr. Rodchenkov, qui mena toute l’organisation du dopage d’athlètes russes durant les 4 dernières décennies et qui se réfugie maintenant aux États-Unis depuis 2016 par peur d’être tué par son gouvernement, qui avait dénoncé le système de dopage complètement corrompu et illégal en Russie. Après la découverte de triche au sein des fédérations russes, comme l’athlétisme qui fut exclue des Jeux Olympiques de Rio en 2016 après que Yuliya Stepanova et son mari aient dénoncé le dopage au sein de l’équipe d’athlétisme russe où tout le monde prenait de la testostérone. Ils sont maintenant en fuite au États-Unis. Dans une interview avec BBC [8], Yuliya Stepanova annonce qu’elle pense qu’elle et sa famille seront tués s’ils rentrent dans leur pays d’origine. En 1 an, au court de l’année 2015, Yuliya, son mari et son garçon déménagèrent 9 fois par peur d’être suivis et trouvés par le gouvernement. Même sa famille ne sait pas où elle habite. En ligne, certains russes appelèrent même à l’exécution de Yuliya pour avoir été une traître envers son pays. De la même manière, Dr. Rodchenkov doit aujourd’hui être très vigilant dans sa vie de tous les jours. Sa vie était en danger en Russie et c’est Bryan Fogel, le directeur d’un documentaire sur le dopage en Russie [9] et le système de dopage plus généralement, qui aida Grigory Rodchenkov à fuir la Russie. Jusqu’aux derniers scandales de 2016-2017, le dopage russe était une norme et pour éviter tout risque durant la Coupe du Monde de football cet été, la FIFA a fait appel à un laboratoire à Lausanne, en Suisse, pour récupérer et analyser les échantillons d’athlètes qui seront testés. En dehors de la corruption de la FIFA et de la Russie, la FIFA a aussi déclaré qu’elle emploiera ses propre médecins pour les tests d’anti-dopage, et non des médecins locaux pour faire les prises de sang et tests d’urine durant la Coupe du Monde cet été.
Source:
[1]Johnson, Kurt. “Shades of Sins Past: Russia’s Doping Regime and the Soviet Legacy.” ABC News, Australian Broadcasting Corporation, 18 Aug. 2016, www.abc.net.au/news/2016-08-18/russia-olympic-doping-scandal-hangover-ussr-soviet-era/7756632.
[2]“Quand La RDA Inventait Le Dopage D’Etat.” Apache Magazine, apachemag.com/201510/quand-la-rda-inventait-le-dopage-detat/.
[4] Cary, Tom. “World Cup 2018 Could Be next Sport Caught up in Russian Doping Scandal.” The Telegraph, Telegraph Media Group, 21 Jan. 2018, www.telegraph.co.uk/football/2018/01/21/world-cup-2018-could-next-sport-caught-russian-doping-scandal/.
[5] McLaughlin, Eliott C. “Amid Olympics Doping Scandal, Russia World Cup Organizer Steps Down.” CNN, Cable News Network, 27 Dec. 2017, www.cnn.com/2017/12/27/football/vitaly-mutko-steps-down-russia-world-cup-organizing-committee/index.html.
[6] Panja, Tariq. “Critics Say FIFA Is Stalling a Doping Inquiry as World Cup Nears.” The New York Times, The New York Times, 3 Jan. 2018, www.nytimes.com/2018/01/03/sports/worldcup/world-cup-russia-doping.html
[7] Sputnik. “Olympics Doping Scandal Not to Affect Football World Cup in Russia – FIFA.” Sputnik International, 30 Jan. 2018, sputniknews.com/sport/201801301061190147-olympics-doping-affect-world-cup/
[8] “Yuliya Stepanova: The athlete who blew the whistle on Russian doping – BBC Newsnight”, vidéo Youtube de BBC Newsnight publiée le 12 décembre 2016, https://www.youtube.com/watch?v=2AocEgKx9eU
[9] Icarius, 2017, réalisé par Bryan Fogel, Netflix, https://www.netflix.com/title/80168079