Benjamin Massaoui et sa boulangerie française à Durham
par Breanna Kendall et Allie Tallering
Benjamin Massaoui est un Parisien qui habite et travaille à Durham. C’est le propriétaire d’une boulangerie à Durham qui s’appelle « French Corner Bakery. » Monsieur Benjamin nous a demandé s’il pouvait continuer à travailler pendant l’interview, donc nous sommes allés derrière le comptoir avec nos tabliers et nos toques pour parler avec lui. Voici son histoire – amusez-vous bien !
Un grand merci à Benjamin et à ses enfants pour nous avoir consacré leur temps … et pour des croissants délicieux. Il dit, “Chaque fois que je peux parler en français, c’est comme un petit bon-bon dans ma bouche.”
Donc, notre premier question c’était si vous pouvez expliquer à nous un peu votre histoire. Comment est-ce que vous parlez le français, pourquoi vous habitiez ici et travailliez ici, peut-être au début où est-ce que vous êtes née ?
Je suis parisienne, je viens de Paris. J’ai passé une partie de mon enfance à Paris, une partie de mon enfance au Portugal aussi parce que mes parents étaient expatriés pour leur travail. Donc je suis revenue à Paris. Je suis partie quand j’avais trois ans, j’ai revenu quand j’avais dix ans, et après j’ai toujours vécu à Paris. Et puis j’ai fait mes études à Paris. Ensuite, j’ai travaillé à Paris. Ma formation est documentaliste, et je travaillais en commission des opérations bourse. C’est un peu comme la « ICC » ici, l’organisme qui contrôle la bourse. Voilà, donc j’ai travaillé là, et ensuite en trente ans je suis mariée, j’ai un fils et une fille, et mon mari avait vécu aux Etats-Unis et en fait à commencer à vouloir exporter aux Etats-Unis en produit de décorations françaises. Et donc on a décidé de venir s’installer aux Etats-Unis pour développer ce business.
Donc, moi, j’étais venue au Caroline du Nord en 1987 parce que j’avais un ami qui vivait ici. Donc, comme j’étais étudiant je m’étais promenée, j’avais visité au Caroline du Nord. Quand on a décidé où est-ce qu’on va aller, on a décidé de venir à Raleigh (en fait moi j’habite à Raleigh alors je n’habite pas à Durham). Et donc, voilà on est venu, on est arrivé avec nos deux petits enfants en Juin 1999. Et donc on est arrivé, et finalement on est toujours là !
Voilà et mon mari a développer son business, donc il l’importe aux Etats-Unis des comptoirs en lavé maillé. Donc c’est la lave qui vient des volcans de France, et c’est émaillée, c’est un comment de la couleur de sous. Et ensuite, c’est vendu partout aux Etats-Unis. Donc lui, il est responsable de tout le marché Américain. Alors moi, je ne travaillais pas, je me suis occupée de mes enfants ici jusqu’à le mois de septembre de cette année où j’ai commencé à travailler avec Helen Solterer pour le centre d’études Francophones Françaises ici à Duke.
Et, en faisant votre travail comme documentaliste, est-ce que vous étiez à la bibliothèque aussi ou c’est plutôt pour les bourses ?
Non c’était pas un bibliothèque, c’était vraiment un centre du documentation, c’était vraiment pour les jeunes qui travaillent. Donc on faisait beaucoup de recherche en droits de la bourse, beaucoup de recherche sur les sociétés. Donc, on était chargé de créer des dossiers à la demande pour les avocats, les gens qui faisaient les enquêtes sur les sociétés, et on recevait aussi un petit peu de publique mais ce n’est pas un bibliothèque. C’était vraiment un centre du documentation et pas ouvert au publique. C’est vraiment intégré à une entreprise.
Et quels sont les obstacles que vous avez rencontré dans la culture Américain ?
Ça c’est très compliqué. En fait, mon expérience c’est que en temps les français on a l’impression qu’on connaît le culture Américain. Donc, quand on dit qu’on va s’installer aux Etats-Unis, ce n’est pas comme qu’on dit qu’on va s’installer en Chine ou en Inde ou en Afrique qu’on dit « ah ! Ce fait complètement diffèrent, moi, je ne connais rien, je ne sais pas ». Alors on dit « oh on connaît, donc ça va être facile. Et en fait quand on arrive, on s’aperçoit qu’on ne connaît pas du tout. Et spécialement je pense parce que on ne va pas à New York, on ne va pas dans une grande ville connu déjà, on arrive dans le sud des Etats-Unis dans une petite ville (par rapport à Paris c’est une petite ville), et les choses sont très différentes en fait. La façon dont les gens fonctionnent…le sens qu’au début d’aller dans un supermarché, je trouvais rien, c’était très compliqué pour moi. Donc en fait tous les jours, tu as l’expérience de dire « je croyais que je connaissais mais en fait je ne connais pas ». Et ça c’est très intéressant en fait, c’est très intéressant. Finalement, on pourrait croire que c’est pas très exotique, très différent venir aux Etats-Unis. Mais en fait c’est très très différent de ce qu’on pense, et il y a beaucoup de choses à apprendre.
Et ce sont peut-être des choses dont on n’entend pas parler dans le reste du monde, oui ?
Exactement ! C’est la vie quotidienne en fait. C’est aussi les relations entre les gens, c’est plein de choses.
Pensez-vous que c’est plus facile pour les enfants, à votre avis ?
Oui, alors mon fils avait cinq ans, et ma fille avait neuf mois. Donc pour mon fils ça était très facile en fait. Il est allé à l’école Américain, mais il a appris l’anglais en aller une petite année il savait très très bien parler anglais, bien mieux que moi. Ça c’est sûre. Et ma fille, oui, elle a toujours grandi ici.
Donc effectivement, vos enfants sont des Américains ?
Ouais, c’est pas si simple parce qu’ils sont vraiment de double culture parce que chez moi, on ne parle que le français. Il n’y a jamais eu d’anglais. On a jamais parlé à nos enfants en anglais. Puisque on est tous les deux de langues maternelles françaises – on ne jamais parle en anglais. Et par contre, eux se parlent en anglais entre eux, ce qui est très intéressant. C’est à dire les deux enfants parlent en anglais quand ils parlent de quelque chose qui est lié aux leurs études à l’école. Mais à nous ils parlent en français. Et c’est vrai qu’on voyage quand-même très souvent en France, et puis moi, j’ai beaucoup beaucoup essayé de garder le français le plus que je pouvais parce que je savais que si non, l’anglais allait tous l’emporter. Donc, j’ai beaucoup fait d’efforts pour ça. Et donc, ils parlent bien français, etcetera.
Est-ce qu’ils ont des amis français ?
Oui, quelques ans parce qu’ils ont la famille en France, mais ici il y a une petite communauté française quand-même. Donc ils ont grandi avec des enfants français qui étaient de leur même âge. Mais, bon, il en a beaucoup qui sont partis. En fait, ma fille a encore vraiment une seule amie très très proche. Elle est francophone mais elle est canadienne. Mais elles sont vraiment très très proche. Et mon fils, non. Ses très bons amis sont répartis quand il avait un dixième d’année. Donc, il a eu beaucoup moins d’amis français, ça c’est clair. Il a beaucoup plus d’amis Américains et vraiment dans la culture Américain.
Ça c’est très lié à nos études, la communauté Francophone au Caroline du Nord. Est-ce qu’il y a une communauté française ici ?
Oui, c’est moi qui a fait une liste de la communauté sur Raleigh et en Triangle, pas tellement Chapel Hill et Durham, mais surtout Raleigh. Et Cary, parce qu’il y a plus en plus de francophones qui sont à Cary. Et oui, il y a bien quatre vingt familles. Je ne sais pas les chiffres exacts, mais il n’y a pas mal de francophones, et de plus en plus en fait. Il y a beaucoup d’entreprises qui amène des francophones, plus les canadiennes francophones qui sont très nombreux aussi. Donc, ça fait une communauté assez importante et très diverse. Il y a tout sorte de gens, tout sorte de métiers, tout sorte d’âges aussi. Il y a des gens qui prennent leur retraite par exemple ici au Caroline du Nord.
Est-ce que vous vous sentez encore lié au monde de travail francophone ? Par exemple, avec l’entreprise de votre mari, est-ce qu’il doit faire encore des négociations avec des gens en France et encore des connections assez fortes ?
Oui, puisque en fait l’entreprise qui est en France, même-si lui, il est indépendant, l’entreprise en France l’entreprise chez qui il achète les produits. Donc, il est tout le temps en contact tous les jours avec eux. Il faut qu’il la visite, il y a des réunions…donc le lien est assez fort.
Est-ce que vos enfants prennent les cours de Français à l’école ?
Alors non, ça c’est un peu compliqué. Est-ce que vous connaissez le CNED ? Le CNED c’est un organisme français qui dépend du ministère de l’éducation qui propose des cours de Français comme si vous alliez à l’école en France, mais par correspondance. Donc en fait essentiellement c’est pour les enfants qui sont malades ou les gens qui voyagent et qui ne peuvent pas été dans une école fixée. Et, ça s’adresse aussi aux expatriés ou gens qui vont à l’étranger où il n’y a pas d’écoles françaises. Donc moi, j’ai fait à mon fils le CNED par correspondance, uniquement le français (j’ai pas fait les maths et les autres matières) jusqu’à peu près la seizième. Pour ma fille je l’ai fait un petit peu mais en fait juste pour lire et écrire. Le problème c’est que le niveau de mes enfants est trop élevé pour reprendre à high school, le français de basse. Finalement, mon fils, on est avais fait un « deal » qu’il reprenait AP French en douzième grade. Et il m’a trompé et il ne l’a jamais fait. Donc je n’ai pas des espérés que ma fille le fasse, mais en littérature juste pour que le niveau pour là.
Laurent Dubois, professeur des études romaines à Duke University, est né en Belgique et a vécu la plupart de sa vie aux Etats-Unis. Il est un spécialiste dans l’histoire et culture du caraïbe, et a aussi contribué à la littérature et la recherche sur la politique du football. Il est diplômé de Princeton University en 1992 et il a reçu son doctorat de Michigan University en 1998.
Professeur Dubois a eu une expérience unique dans la région du Triangle grâce à son héritage belge et formation en anglais qui ajoutent de la valuer à la communauté francophone. Ces intérêts académiques et son expérience personnelle interagissent en lui donnant des connaissances approfondies dans l’héritage culturelle riche des francophones aux États-Unis. Voici son histoire. On lui remercie de nous avoir parlé et de faire partie de la communauté francophone vivante de cette région.
Will Gallagher: Présentez-vous. Où est-ce que vous êtes né? Qu’est-ce que vous faites maintenant? (0 :00 – 1 :19)
Lauren Dubois: Alors moi je suis né en Belgique, à Bruxelles, d’une famille francophone, Bruxelloise. Mais je suis parti quand j’avais trois semaines aux Etats-Unis. On a immigré à Bethesda au Maryland. Mes parents travaillaient au National Institute of Health, ils étaient scientifiques. Donc j’ai grandi aux Etats-Unis dans une famille francophone et on a toujours parlé en français à la maison — c’est comme ça que j’ai appris le français bien que j’aie toujours vécu aux Etats-Unis. Et voilà donc ça m’a beaucoup aidé dans ma profession aujourd’hui. Je suis historien et je travaille beaucoup sur la France, et le monde francophone. Mais je n’ai jamais fait d’études formelles en France d’ailleurs.
Tomas Gimenez: Quel est le trajet qui vous a conduit à Durham? (1 :20 – 1 :53)
LD: J’ai fait un doctorat à l’Université de Michigan et puis j’ai trouvé un poste de professeur à Michigan State University à East Lansing, dans le grand nord. Et puis quand j’étais recruté pour venir à Duke en 2006, en 2007, voilà donc je suis venu pour travaillé à Duke dans le département de Romance Studies et d’Histoire. Et voilà je suis là depuis sept ans.
Will Gallagher: Et donc pourquoi avez-vous choisi une carrière dans la scolarité, dans la formation? (1 :54 – 3 :39)
LD: Dès le début quand j’étais undergraduate — j’ai fait mes études à Princeton — j’étais déjà très intéressé par l’écriture, plutôt l’écriture disons dans non-fiction, les reportages. Je pensais peut-être travailler comme journaliste, et puis à Princeton je me suis déjà beaucoup intéressé dans les sujets qui, fin, les mêmes sujets que je poursuis maintenant, c’est à dire l’histoire de la caraïbe — Haïti en particulier. Et donc c’était par passion intellectuel que je me suis intéressé à ces sujets et puis j’ai décidé de poursuivre un doctorat sur ça, en histoire anthropologique directement après l’Université en fait. Ca m’a permis de voyager, de faire des recherches, fin d’avoir une vie intéressante. Et puis voilà j’ai pu trouver — en fait dans cette carrière-là on ne sait jamais si on va trouver des postes! Mais j’ai pu trouver de bons postes et j’aime à la fois l’enseignement et puis l’écriture de la recherche. J’écris sur pas mal de thèmes différentes — l’histoire de la caraïbe et plus récemment je travaille sur l’histoire du football et d’autres sujets aussi, donc j’ai pu exploré différentes dimensions. J’ai beaucoup travaillé entre disciplines. J’ai une formation en histoire et anthropologie, mais je travaille beaucoup dans la littérature et puis aussi je suis dans deux départements. Pour moi c’est assez intéressant de pouvoir traverser différents domaines.
TG: Quels sont quelques défis que vous avez eu dans votre carrière? (3 :40 – 5 :21)
LD: Bon, il y a eu les défis normaux, de trouver des bourses, de pouvoir avoir les bourses pour la recherche aussi bien que pour aller à l’école doctorale. Et aussi les moments de doute, de savoir si c’était vraiment ça que je voulais faire. Ca c’est normale, je pense. Et puis de décider quelle carrière, fin quelle façon de poursuivre la carrière. Je pense qu’en générale c’est une carrière où on a beaucoup de flexibilité, donc en fait on a énormément d’autonomie pour faire des choix. Bon parfois je pense que ce qui se passe dans le monde académique, parfois il faut choisir des sujets qu’on aime vraiment parce qu’il y a toujours des périodes dans la recherche qui sont plus embêtantes, qui sont difficiles. Il y a des défis, au milieu d’un projet on peut avoir des parties qui sont compliqués, donc c’est vrai que parfois il y a des collègues, disons qu’il faut aimer beaucoup beaucoup le sujet, parce que si au début on est un peu comme ça, c’est difficile à finir. Je dirai que c’est toujours question de trouver la balance entre le travail et la vie familiale, toutes les questions que tout le monde se pose.
WG: Comment trouvez-vous la culture à Durham, et au Caroline du Nord? Et est-ce qu’il y a de grandes différences entre cette culture ici et la culture de votre pays de naissance, où plutôt le pays de vos parents? (5 :22 – 8 :35)
LD: Oui alors Durham, j’aime beaucoup Durham. Je trouve que c’est une ville assez intéressante avec beaucoup de différents niveaux, c’est une ville qui à premier aperçu, on ne la voit pas très bien. Ce n’est pas une ville d’accès très facile, c’est à dire il y a beaucoup de niveaux de mondes culturels et sociales qui sont un peu cachées, et je sais que pour beaucoup d’étudiants à Duke c’est une ville qu’on ne comprend pas facilement. Mais il y a énormément de choses qui se passent à Durham. Et j’aime en fait qu’il y a énormément de gens à Durham qui sont complètement séparés du monde de l’université. Au niveau de la différence, c’est marron parce que je dis toujours que je vais en Europe et je dois toujours défendre les Etats-Unis, et aux Etats-Unis je dois défendre l’Europe. J’ai l’impression de comprendre bien les deux mondes assez bien et de comprendre aussi pourquoi les deux mondes ne se comprennent pas du tout. C’est vrai qu’il y a beaucoup de subtilités… à un niveau on dirait que l’Europe et l’Amérique ne sont pas trop différents parce que finalement il y a des cultures, de l’histoire commune, fin bon beaucoup de culture qui partagée: le langage, littérature, etc.
Mais aussi il y a d’énormes différences, notamment au niveau des systèmes d’éducation. Alors ça c’est très fascinant que, je pense souvent que — ayant ma personnalité — je ne sais pas si j’aurais réussi académiquement en Europe dans un système qui est beaucoup plus stricte, organisé et moi je suis un peu anarchique. Et je crois que le système d’éducation à l’Américain permet quand-même beaucoup plus de créativité, et de chemins un peu bizarres. Donc moi je sais que j’aurais une vie très différente dans une culture différente. Moi quand je vois les contrastes entre les modèles d’éducation c’est quand-même très frappant. Et je vois ça quand on a des étudiants — ça va pour expliquer quel est le modèle d’éducation aux Etats-Unis à un Français, ça peut être très compliqué. Parce qu’en fait c’est comme expliquer le baseball à un Français! Et dans l’autre direction, là aussi expliquer le football (le soccer) à certains Américains, c’est compliqué! C’est tout pour dire que, bien sûr il y a beaucoup de personnes dans notre génération et parmi beaucoup d’étudiants il y a bien sûr beaucoup de gens qui vivent entre cultures. Et donc on prend l’habitude de comprendre dans plusieurs contextes.
TG: Donc vous aimez la diversité à Durham. Avez-vous trouvé une communauté Belge où francophone? (8 :36 – 9 :30)
LD: C’est plutôt à l’université, je n’ai pas trouvé, j’ai parfois des rencontres, notamment il y a une communauté Haïtienne dans le coin, francophone et créolophone. Et surtout l’Afrique de l’Ouest (le Cameroun, etc) et quelques français aussi. Mais je ne dirais pas qu’il y a une communauté francophone structurée à Durham. En revanche dans le département, puisque j’enseigne dans le département, là il y a mes collègues. Donc c’est plus là, et puis je parle français beaucoup avec ma famille, et c’est vrai que j’ai quelques amis et collègues ici qui sont francophones avec lesquels je parle français.
WG: Est-ce que vous ressentez une appartenance à la communauté francophone mondiale? Et comment est-ce que cela a influencé vos choix professionnels? (9 :31 – 10 :48)
LD: Certainement quelque part, en fait je dirais que le fait de parler français m’a certainement permis de faire partie des discussions, surtout en France, en Haïti, en Afrique. Et puis oui j’aime beaucoup certains aspects de la littérature en français. Fin il y a beaucoup de choses qui ne sont pas traduites en anglais. Il y a aussi le monde de culture, de musique, de football, etc. Je dirais que c’est plutôt une appartenance informelle, donc je ne suis pas très axés vers les institutions formels de la francophonie, mais j’aime beaucoup tous les contacts que ça permet. Notamment, comme vous le savez, en Afrique c’est une langue très importante, et ça permet quand-même de rencontrer beaucoup de collègues et il y a tout un monde intellectuel qui se fait en français qui serait inaccessible sans la langue.
TG: Vous n’avez pas grandi beaucoup de temps en Belgique, mais en même temps, ressentez-vous avoir un rapport avec la Belgique? (10 :49 – 12 :36)
LD: J’ai un rapport assez ironique, disons. J’aime bien être Belge quand ça me convient, par exemple quand l’équipe de football joue bien! Et puis il y a certains aspects de la culture en Belgique: la nourriture, les bandes dessinées, etc. Mais comme vous savez la Belgique elle-même est une construction assez fragile. C’est vrai que je me sens plus Belge que par exemple Français. J’ai vécu plusieurs années en France, donc j’ai vécu plus longtemps en France que j’ai jamais vécu en Belgique. Mais mes alliances personnelles, de collègues, sont plus avec la Caraïbe qu’avec la Belgique. Je dirais que je me sens plus lié avec Haïti et Guadeloupe qu’avec la Belgique. Mais c’est un pays que j’aime bien, mais c’est vrai que c’est un peu limité, parce que je n’ai jamais fait d’éducation là bas. J’y vais comme en vacances, quoi. En revanche en France j’ai fait plus de liens avec des universités en France et dont là j’étais plus ancré. J’ai vécu à Paris et à Aix-en-Provence, donc ces deux villes-là sont plus familières, les plus familières des villes européennes.
WG: Donc il y a d’autres communautés linguistiques à Durham et au Caroline du Nord. Quelles sont les communautés linguistiques qui ont les présences les plus fortes? (12 :37 – 13 : 21)
LD: Ce que je connais à Durham c’est plutôt la communauté latino, espagnole. Il y a une presse, des organisations, etc. J’ai quelques liens et contacts avec la communauté Haïtienne, où il y a le français et le créole. Et je sais qu’il y a d’autres communautés linguistiques mais je n’ai pas beaucoup de contact avec eux.
TG: Est-ce que vous pensez qu’ils s’intègrent bien ou pas? (13 :21 – 14 :13)
LD: Je pense qu’au niveau de la communauté latino, hispanophone c’est un peu compliqué à Durham. Puisque c’est une communauté assez récente, et il y a beaucoup de questions autour de la présence dans la ville, etc. Je pense qu’il y a quand-même assez de tensions et au sens plus large, toute la question de l’espagnole et l’immigration aux Etats-Unis. La communauté francophone, parce que c’est moins visible et puis c’est plus des gens dans le monde professionnel, c’est plus des personnes multilingues, donc ils participent un peu différemment.
Stephen Smith est un journaliste spécialisé en études Africains, qui a travaillé comme rédacteur en chef d’Afrique pour des journaux Français prestigieux comme “Le Monde” et “Libération”. Il est l’auteur de livres et publications académiques sur l’anthropologie et l’histoire d’Afrique ainsi que consultant historique pour l’industrie cinématographique. Le film « Carlos », qui a gagné le Golden Globe pour meilleur film en langue étranger, est basé sur sa recherche. Depuis 2006, Smith est professeur d’études africains à l’université de Duke.
1. Est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement ?
Je m’appelle Stephen Smith—et d’ailleurs là tout suite je le prononce à la française puisque pendant un assez longtemps. Je suis né au Connecticut, donc aux Etats-Unis. Mon père était américain, et ma mère allemande, et donc j’ai vécu assez longtemps à Paris ou chaque fois que j’ai décroché la téléphone il faut le dire « Stephen Smith » [en accent français] parce que si non, personne ne comprenait.
2. Quand est-ce que vous êtes venu a Durham?
Je suis venu ici pour la première fois en 2006. J’étais « Media Fellow », (mais) j’ai travaillé assez long temps comme journaliste, spécialisé sur l’Afrique pour « Libération » et ensuite pour « Le Monde », donc deux journaux quotidien Français. Ensuite, j’ai quitté – j’avais publié des livres, (et) je voulais être journaliste indépendant. Dans ce contexte là, j’étais invité ici pour six semaines comme « Media Fellow ». Je ne connaissais Duke aucun avant et je suis revenu comme « Visiting Professor » pour un semestre et par la suite on m’a proposé un contrat.
3. A quel âge avez-vous appris le Français?
Moi, j’ai commencé a apprendre le Français a l’âge de 27 ans, donc moi je n’avais aucune connexion familiale – je te disais, ma mère était allemande, donc, moi, j’ai parlé l’Allemand avec ma mère et l’Anglais avec mon père qui est mort assez rapidement… Et donc j’ai appris. Je suis arrivé à Paris à un âge assez avancé comme on vous dit toujours, on ne peut pas apprendre une langue correctement à un certain âge … je ne savais pas toujours du contexte .. et je me disais : bien sur, si j’étais, disons, médecin en apprenant le Français à un moment donné ça suffirait pour travailler comme médecin mais comme journaliste ça va être difficile.
Au départ je n’y ai vraiment pas cru, je pense que la compétence égale, un native speaker, un français de souche, serait toujours un meilleur journaliste. Mais en réalité quand vous êtes adulte, et vous apprenez une langue, chaque mot, vous le baptisé vraiment parce que contrairement à ce que vous faites quand vous êtes enfant où vous le respirez en quelque sorte dans les situations.
Quand vous êtes adulte vous réfléchissez à chaque mot est lié a une situation, et donc sous stress, sous la pression de la montre, moi, ça marche très bien dans une langue que j’ai baptisée, que j’ai appris comme un adulte puisque les mots me viennent très facilement puisque tout est construit. Rien n’est naturel.
4. Comment êtes-vous devenu intéressé par les études africaines ?
J’étais d’abord intéressé par l’Afrique avant d’être intéressé par les études africaines. Et en réalité je devais aller en ’75 pour une année en Chine, et ça ne s’est pas fait, et au dernier moment j’avais envie de prendre une année sabbatique. Je ne savais plus ou j’allais très bien avec mes études, et donc je suis parti à la dernière minute en Afrique subsaharien. Ce n’était pas mon idée, c’est l’idée de ma mère. Elle a dit « Si tu vas là-bas et puis tu reviens, tu saura ce que tu veux faire » et elle a eu raison. Donc je n’avais pas d’argent, n’avais pas de bourse, donc je devais travailler. C’est une année assez compliqué de ce point de vue, mais qui m’a rapproché de la réalité et quand je me suis revenu de là, je me suis dit que j’allais reprendre mes études, même spécialiser sur l’Afrique, et j’ai travaillé toute ma vie sur l’Afrique. J’ai écrit des livres, j’ai travaillé comme journaliste, j’ai écrit des scenarios pour des films, et j’enseigne comme professeur. Donc, le centre c’est l’Afrique et après la façon. J’essaie de réfléchir et de parler de l’Afrique, que ça soit dans un livre ou que ça soit dans une salle de classe, c’est me relativement indifférent. Je suis très content que je puisse faire ça ici à Duke, bien sur. C’est un département que, vraiment des que je l’ai mis les pieds j’ai beaucoup aimé parce qu’il est très ouvert, et très – pas dans le sens américain de diversité – mais très ouvert dans le sens que j’ai les collègues qui travaille sur l’hip-hop et d’autres qui travaillent sur des communautés diasporiques, et moi je suis un fous de l’Afrique et cette conversation entre nous me plait et donc je suis très content d’être ici.
5. Quels étaient les plus grands défis et les plus grands plaisirs d’habiter et travailler en Afrique?
Le plus grand défi, est probablement de suspendre le jugement, en attendant de mieux comprendre de l’intérieure, et de prendre en sérieux. Je ne crois pas que c’est spécifique à l’Afrique, si je voulais travailler sur Durham et je voudrais comprendre les habitants de Durham—et là je ne parle pas de la communauté noir mais de manière générale—pour comprendre il faut vraiment aller a l’intérieure, et ça veux dire suspendre son jugement, parce que des que vous jugez vous avez déjà vu la résultat avant d’avoir vu le processus. Et être prêt à se mettre à la place de l’autre. Ce dire que l’autre c’est vous-même dans d’autre circonstance, ça c’est le plus grand défis. Et bien sûr, l’Afrique est très diffèrent de reste du monde, très diffèrent du monde dans lequel j’ai grandis. Je suis blanc, je suis relativement privilégié, je ne connaissais pas de grande chose à l’Afrique quand j’y suis allée à la première fois (il y a, je ne sais pas, quarante ans). Donc avoir l’attitude pour se mettre à la place de l’autre c’est le plus grand défi. Et bien sûr très souvent on passe à côté parce qu’on pense on a déjà compris, et en réalité on a rien compris. Et on met beaucoup de temps et plus vous restez en Afrique, plus les choses deviennent en fait compliquées.
Le plus grand plaisir, c’est relativement personnel. Quand je me suis présenté je vous ai dit, je viens d’une famille un peu différente (ma grand-mère était russe, etc.). Aller en Afrique a été pour moi un grand plaisir parce que c’est un laboratoire anthropologique. Tout le monde parle plusieurs langues, c’est totalement banal là-bas. Vous pouvez être né dans un village et finissez à la Sorbonne ou à Harvard, c’est tout a fait possible, et je trouvais cette trajectoire absolument unique. Ce n’est pas un raccourci de l’histoire européenne ou américaine, c’est quelque chose d’inédit puisque la hutte, elle existe au même temps que le téléphone portable en Afrique. Et ce mélange entre ce laboratoire m’a même attiré près personnelle énormément plus. Comment vous vous situez dans un monde où vous êtes quelque chose de totalement bigarrer qui n’existe pas ailleurs ou vous n’avez pas ce qu’on appellerait des racines ou « rootholds » quelque pas. À ce titre là j’aime toujours aller sous n’importe quelle prétexte en Afrique juste pour me ressourcer autour de gens qui essaient de bricoler comme nous tous, et moi aussi.
L’entretien, les vidéos, et la transcription sont fait par Josie Holasek et Patricia Deza
Je m’appelle Godi Godar. Maintenant, J’habite à Durham. Je suis venu de la République Démocratique du Congo (RDC).
Q: Comment êtes-vous arrivé ici?
Je suis venu ici – la connexion est un missionnaire qui m’invite aux États-Unis. J’ai continue mes études d’anglais dans un collège communautaire à Durham. Et, je suis un technicien et j’ai construit mon maison ici.
Q: Qu’est-ce que vous faites?
J’ai fondé un organization qui protege des forets tropicals de mon pays natal. L’organization s’appelle Aller Conscient de la Terre.
Q: Combien de langues parlez-vous?
Ma Langue partenaire – j’ai appris Bantomba. Puis, dans l’école primaire j’ai appris Lingala, une langue commerciale. De cinquième ou quatrième de l’école primaire jusqu’à l’université, j’ai appris français.
Q: Connaissez-vous des autres dans la région de votre région?
J’ai connu un Congolais qui habite à Raleigh. Et, je ne suis pas un association dans cette communauté parce que je pense- moi, j’habite très loin de Raleigh. De temps en temps, je tiens c’est une grande communauté.
Q: Avez-vous des difficultés avec la langue?
Je me rappelle quand je suis rentré au Congo. J’avais la difficulté si je parlais en anglais ou en lingala ou en ma langue maternelle. J’ai melangé les langues. C’est un peu difficile pour moi.
“Je m’appelle Bertrand Guillotin. Je suis à Duke University depuis 2002, donc ça fait treize ans, presque. Je suis directeur du International Programs Office depuis dix ans. Donc, avant j’ai fait mon MBA à Thunderbird en Arizona avant Duke. En fait je suis arrivé il y a dix-neuf ans, aux Etats-Unis. Donc en 1996 quand je suis arrivé, j’ai fait mes études, après j’ai travaillé chez American Express, après chez de American Express, à Nortel Networks, et après—Duke.”
“Mon rôle ici à Fuqua: je suis directeur de Programme Internationaux et Intérieur du MBA Daytime Programming. Donc c’est le plus gros, je ne sais pas si vous connaissez, on a neuf cent étudiants “full-time,” en temps complets en français. C’est, en fait, la plus grande programme de Fuqua et c’est aussi le programme qui est numéro 1 aux Etats-Unis. Donc on est assez grand et on est assez bon.
Ça c’est une partie de mon travail. La deuxième partie c’est d’organiser des « Study Tours. » C’est à dire des, je ne sais pas comment dire en français, mais ces sont en fait des visites intensives, culturelles, académiques, professionnelles, ou en fait des visites d’entreprises. Donc, ça on le fait sur le Brésil, l’Amérique latine, l’Afrique du sud, la chine, ou pas importe ou on y veut aller, où les étudiants sont intéresser. Donc ça c’est la deuxième partie de mon travail.
La troisième partie ces sont les autorisations de travail. C’est à dire on fonctionne des visas des étudiants ce qui ont un visa ici en tant qu’étudiante étranger. On besoin de mon autorisation pour faire un stage ou pour travailler après l’hors deux ans à Duke. Donc je m’occupe des autorisations de travail aussi.
Et quatrième partie de mon travail: je m’occupe de tous qui est en conférence international ici. Donc, soit avec les collèges à Duke quand on organise quelque chose, par exemple avec Canadian Studies ou Center for Caribbean and Latin American Studies, ou alors nos clubs internationaux. On a aussi beaucoup de clubs internationaux ici. Quand ils organisent une conférence, je les aide aussi.”
“Une première différence que j’ai remarqué entre les Français et dans la culture dans le milieu de travail, c’est en fait basé sur une façon de communiquer, une façon de travailler. Par exemple, les Français en général pour poser un question, ils ont un raisonnent logique. Donc ils disent, « voila, nous connaissons les fait intels, que c’est la situation maintenant, » et ils posent leur question. Donc, en Amérique, les Anglais n’expliquent pas tous avant de poser une question. En général, ils posent leur question. Voila la question. Donc c’est très direct. La communication en français c’est indirect.
Qu’est-ce que j’ai remarque c’est qu’il n’y a pas beaucoup de hiérarchie dans le travail aux Etats-Unis, en particulier chez American Express. Un jour, mon patron m’a demandé de venir dans son bureau. Et je me suis dit, j’ai fait un erreur, j’ai fait quelque chose de mal, je vais mon faire gronder. J’étais nerveux, et j’arrive et il m’a dit, « assieds-toi, tu veut un café? » Un café, non, ça va, merci. Qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce que j’ai fait? Et il m’a dit, « non, ça va, tu va très bien, ton travail est très bien. Tu fais les bons travails, je voulais te dire merci. » On ne fait pas comme ça en France. En France si votre patron vous dit de venir dans le bureau, ce n’est pas très bon. Donc c’est complètement l’envers.
J’ai remarqué que pendant le midi, dans l’heure de déjeuner, n’est pas. Les gens prennent très peut de temps—quinze minutes, trente minutes. Donc en général, en France, c’est une heure, deux heures.”
“Je dirais pour les étudiants MBA maintenant, c’est beaucoup plus important de faire quelque chose en international. Quand je suis arrivé, c’était une bonne idée, mais ce n’était pas vraiment obligatoire. Maintenant c’est obligatoire. Je dirais pas forcement le niveau des cours ou de « curriculum, » etc. Mais c’est vraiment les employeurs qui demandent la connaissance internationale et de l’expérience internationale. Je peux aussi dire que pour moi, il y a beaucoup plus de travail qu’avant. Donc en fait, on a des partenaires aussi qui nous aident à faire notre travail. J’ai un partenaire, par exemple, à Duke Visa Services pour les autorisations travail. J’ai un partenaire à l’extérieur pour tous les voyages internationaux que l’on met en place. Donc en fait il faut travailler d’équipe. Il faut beaucoup de relations, de partenariats, internes, externes, pour faire tout ça.”
Merci Bertrand!
L’entretien, les vidéos, et la transcription sont fait par Susannah Roberson et Patrick Ray
Marion Monson est une femme qui était née en France. Elle a démenagé aux Etats-Unis quand elle avait vingt-et-un ans. Maintenant, elle habite à Durham et travaille dans le département de l’art, l’histoire de l’art, et des études visuelles à Duke.
Pouvez-vous nous décrire votre travail maintenant?
C’est très varié. C’est un département qui a beaucoup de projets différents, des artistes qui fondent des choses. Il a des historiens de l’art qui fondent la recherche théorique et des personnes qui fondent des études visuelles. C’est un terme large qui décrit beaucoup de choses mais qui inclut en trop traitement d’information visuelle, de la culture visuelle, etc. Donc, mon poste, mon travail, est de faire tourner le département à point de vue administratif. C’est-à-dire payer les gens, acheter les choses, résoudre les problèmes qui se posent, les problèmes variés, quand on déménage à un nouveau bâtiment, aider la coordination de déménagement, etc. Donc, ça change beaucoup d’une journée sur l’autre. Ça peut être très différent d’un mois sur l’autre aussi. Selon la période de l’année aussi, certaines taches qui reviennent de façon cyclique et d’autres qui sont des urgences.
Quel est votre premier souvenir de Durham?
Il faisait chaud et humide. J’ai arrivé à Durham en aout et c’était, en été, très chaud. Donc, le climat était un peu un choque. Mais l’université, enfin, d’enseigner dans un département d’études romances, c’est ce que je faisais avant donc c’était normal mais la ville est différente qu’en même Ann Arbor et Durham, c’est pas la même atmosphère. C’est pas la même culture parce que ceux sont les régions différentes aussi. Donc de comprendre les accents du Sud, c’était aussi un peu de travail pour si habituer. Et puis, Durham a changé beaucoup depuis 2002. Le centre-ville notamment est beaucoup plus actif, il y a beaucoup de galléries, beaucoup de restaurants, de commerce un peu intéressant. Donc, et puis pour les enfants, j’ai eu deux enfants ici à l’hôpital de Duke, et ça était une très bonne ville pour élever les enfants.
Quel est l’impact du français sur votre vie quotidienne?
Très peu. Mon mari est américain. Son français n’est pas très bon. Il comprend pas mal, mais on ne peut pas vraiment avoir une conversation de tous les jours en français, donc en fait à la maison on parle essentiellement en anglais. Avec mes filles j’essaye de leur parler français, mais c’est pas toujours facile parce ce qu’elles se parlent anglais entre elles, elles me parlent en anglais, elles parlent anglais à leur père, je parle anglais à leur père, et donc c’est vraiment un effort de changer mon cerveau vers le français. Donc, j’utilise surtout le français quand je parle avec ma famille, qui est en France, mais dans mon travail j’ai aussi l’occasion d’utiliser le français. C’est-ce qui est toujours très plaisant, parce que… je ne sais pas, c’est une satisfaction, pouvoir utiliser ma langue maternelle pour le travail. Notre département a plusieurs collaborations avec des institutions européennes, notamment l’université de Lille III et le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, qui est une école d’art dans le nord de la France et donc, quand on est en communication avec des institutions, je communique en français avec les employés là-bas.
Avez-vous noter des différences entre le monde des affaires en France et aux États-Unis?
C’est difficile à dire pour moi parce que je suis arrivée aux États-Unis quand j’avais vingt et un ans et j’avais été étudiante toute ma vie avant ça et j’ai pas vraiment travailler dans le monde des affaires en France. Donc, je ne peux pas faire des comparaisons très claires, mais je sais que, avec mon diplôme, pout moi en France, ça serait très difficile de trouver du travail, parce que, d’après ce que j’ai entendu d’amis, et cetera, si on n’a pas exactement les qualifications, exactement l’expérience, exactement le trajet qui faut, pour un certain job, on n’est pas embauché. Donc, j’apprécie aux États-Unis d’avoir eu l’occasion d’apprendre en faisant travail, parce que pour mon travail il n’y a pas vraiment de diplôme qui prépare exactement à toute la variété de ce que je fait. Donc, je suis obligé d’apprendre, tous les jours, quelque chose de nouveau dans mon travail. Et, j’apprécie que, aux États-Unis le monde professionnel permet cet apprentissage sans attendre à ce que tout le monde sache tout le premier jour. J’aurais jamais pu avoir ce poste ici, ou même les trois postes d’avant, en France, sans avoir le diplôme exact qu’il faut être pour cet emploi. Pour ça, c’est bien d’avoir fait ma vie professionnelle aux États-Unis.
Nagib Nasr, d’origine libanaise, a déménagé aux Etats Unis quand il avait 17 ans. Un individu culturellement divers, il s’est adapté rapidement à la vie aux Etats Unis malgré des obstacles linguistiques. Sa langue maternelle est le libanais, mais il a appris le français dès un très jeune âge à l’école. Après avoir maîtrisé l’anglais, il a appris l’espagnol. Nagib a reçu une maîtrise en ingénierie industrielle. Avant d’établir FlowRiver Group, Nagib a servi comme vice-président des opérations globales et du développement d’affaires pour Nomacorc, le premier du monde dans des bouchons de vin.
M. Vidal est directeur du campus américain de SKEMA, une école supérieure de commerce. Voici ses réflexions sur des différences culturelles qu’il a rencontrées depuis son arrivée en Caroline du Nord.
La viabilité écologique et la mode. Typiquement, les deux mots ne marchent pas ensemble. Mais, à vert & vogue, une boutique primée « bio » au centre ville de Durham, les deux sont inséparables. Fondée en septembre de 2008 par Ryan et Nadira Hurley, vert & vogue offre les vêtements organiques classiques et contemporains pour les femmes, les hommes, et les enfants. Combinez cela avec le service à la clientèle qualité et une certaine joie de vivre, et vous avez un gagnant.
Inspirée par le sens de la mode de Nadira, une parisienne native, et les compétences de Ryan dans les affaires et le plaidoyer de l’environnement, la boutique vend les vêtements « bio » ainsi que végétaliens d’un nombre des concepteurs américains et même si locaux, incluant Raleigh Denim, John Patrick Organic, and Matt & Nat. Leur but est simple : établir une collection des meilleures produits dans la mode durable tout en offrant leurs clients un expérience génial.
Les influences francophones de vert & vogue sont immédiatement tangibles lorsqu’on entre la boutique. De la petite mais élégante sélection des vêtements et accessoires au service compréhensif et spécialisé au chaque client, même les propriétaires et l’atmosphère respire un esprit français.
Vous venez de Paris et de New York. Alors, pourquoi avez-vous choisi d’ouvrir votre entreprise ici ? Pourquoi Durham ?
N : C’est très intéressant comme question. Ryan avait une connexion avec un ami qui avait deux filles qui vivaient ici à Durham. Alors, il entendait beaucoup de choses de bien sur la région du triangle. Et puis c’est progressif, les gens sont cool, la nourriture est bonne. Alors un jour on a décidé, quand on était prêt, on a décidé de venir pour trois jours et de voir par nous-mêmes à quoi ressemblait cette ville.
Nadira, vous avez travaillé dans les boutiques en France. En dirigeant vert & vogue, est-ce que vous avez noté quelques différences entre les affaires ici et les affaires en France ?
N : Bien sûr, bien sûr. Je suis complètement fascinée par le service ici, aux Etats-Unis. Quand je déménageais, il y a cinq ans, et que je vais par exemple dans le supermarché ou que je vais dans une boutique il y a quelqu’un dans la porte qui me dit « bonjour ! » comment allez-vous ? » comme « bonjour ! Comment ça-va ? Puis-je vous aider ? ». Je suis comme « wow ! Les Américains sont gentils ! »
Pas comme ça en France ?
N : Oui, en France, oui. Peut-être « bonjour ».
R : Peut-être.
N : Peut-être. Si tu as de la chance. Mais pas toujours. Il y a cette notion ici aux Etats-Unis de service qui est… moi je suis fascinée. Ça serait un petit peu la différence. Bien sûr, en France et dans les boutiques françaises il y a autres choses, mais le service ils ont beaucoup ici.
R : Et maintenant, aux Etats-Unis il revient. Beaucoup de détaillants recommencent à mettre l’accent sur le service. Il y avait une période quand toutes les choses vont vers les centres commerciaux et les grands magasins et ils grandissaient et grandissaient et grandissaient et le service clientèle était réduit. Tu sais, c’est comme les choses que tu peux rapporter et le temps pour les rapporter et toutes les choses comme ça. Et maintenant, avec les entreprises comme Zappos—tu connais Zappos ? Leur modèle d’affaires entier c’est sur le service clientèle. Tu commandes des chaussures et il améliora ta livraison. Tu les commandes à dix heures du soir et ils seraient sur le pas de porte le prochain matin à onze heures. Alors le service pour nous, beaucoup de gens reviennent aux boutiques, et ils s’intéressent à ce type d’expérience pour le service, parce que tu n’as pas de service quand tu vas au centre commercial.
On voit l’identité française dans le nom de l’entreprise, « vert & vogue », et sur le site web aussi. L’identité française, ou le rapport avec la France, est important pour votre entreprise ?
N : Moi je suis française, non ?! Tu sais, quand j’ai une cliente qui essaie une jolie robe, je ne dis pas « this is great .» Je dis « Oh là là ! », tu sais ? C’est dans mes veines, c’est comme ça. Oui, la partie française est importante et je crois que c’est deux fois plus important qu’on garde cette identité française en utilisant le vocabulaire français, mais aussi également nous achetons d’une façon un petit plus particulière. Notre œil est différent. Tu vois on achète des coupes. Voilà.
R : Je pense que notre entreprise a une sensibilité française, qui est plus dans l’esthétique. Quand tu entres la boutique, beaucoup de gens remarquent, « oh, ça me sent comme une boutique européenne, » tu sais ? Alors pour la mode de notre entreprise, beaucoup de l’inspiration vient de la France, de l’Europe. La coupe de nos vêtements, le sens « casual-chic ».