Carte Murray de 1761

Une entrée récente sur le blogue de Bibliothèque et archives Canada rapporte que la carte Murray (1761) a récemment été restaurée et numérisée. Cette nouvelle m’a fait réaliser qu’il pourrait être possible de repérer les habitations de quelques habitants de la région de la Grande Côte de Blainville (actuelle), dont celles des frères Charbonneau, à cette époque.

Ma tentative préliminaire d’alignement (utilisant deux panneaux (et ici) de la carte) suggère qu’on trouve en effet plusieurs maisons sur ce territoire. La cartographie suggère également que les terres sont cultivées, mais que le chemin public de la Grande Côte n’existe pas encore.  Ces observations sont en accord avec les chaînes de titres qui indiquent de diverses concessions eurent lieu dans les années 1740. Il semble en effet y avoir deux grappes de d’habitations: sur les lots (au terrier) 17-20 (contenant celles des trois frères Charbonneau) et aux 13-14. La superposition permet également d’identifier un cours d’eau, un peu plus en amont, qui semble toutefois avoir disparu par la suite.

Cela dit, la carte a des limites bien documentées. Au surplus, une analyse provisoire de St-Eustache a identifié d’autres lacunes. Une reconstruction plus complète des chaînes de titres au 18e siècle et les procès-verbaux des travaux des aménagements hydrauliques permettront peut-être un jour d’y voir plus clair.

Superposition de la carte Murray avec celle du cadastre de Terrebonne de 1886

 

Le bureau d’enregistrement du comté de Deux-Montagnes

Le site internet du Registre foncier du Québec donne accès à une énorme quantité  de titres notariés (et autres) associés à l’immobilier dans la province. Cela inclut évidemment les ventes et donations de lots, mais également plusieurs contrats de mariage et testaments.

L’histoire officielle de ce registre suggère qu’il devrait être complet depuis 1841. Les premiers titres spécifiques au bureau d’enregistrement du comté de Deux-Montagne  (le Registre B) ne remontent cependant qu’à juin 1857. La première tranche d’actes se trouve plutôt au comté d’Argenteuil. À sa création (p .334), le bureau d’enregistrement de St-André (d’Argenteuil) fut en effet donné la responsabilité des deux seigneuries. Ce n’est qu’en 1857 que la responsabilité fut divisée, un bureau déménageant à Ste-Scholastique et l’autre à Lachute (p. 5). Le registre principal (le Registre BB), par contre, est demeuré à Argenteuil, où il est toujours indexé.

Certains actes manquent néanmoins aux registres. Par exemple, la vente de Jean-Baptiste Charbonneau à Samuel Charbonneau (lot 869 au terrier des Sulpiciens) le 19 juillet 1876, devant Melchior Prévost, n’a pas été enregistrée. Un bordereau de vente (No 20141 au Registre B) devant notaire confirme la transaction, a posteriori, au printemps 1896. Le système n’est donc pas sans faille.


En créant un compte au Registre foncier du Québec, il est possible d’obtenir la chaîne de transactions associées à un lot et de lire les actes correspondants de la fin du 19e siècle à nos jours.

Il faut tout d’abord identifier le numéro du lot, tel que défini au Complément du plan officiel de la paroisse (e.g., St-Jérôme, Ste-Monique, Ste-Scholastique et village)Ensuite, en appuyant sur l’onglet Consulter, puis sélectionnant l’Index des Immeubles, on obtient le formulaire suivant.

(Le lot 10 de la Paroisse de Saint-Jérôme contenue dans le comté de Deux-Montagnes correspond au lot 908 du terrier des Sulpiciens.) On obtient alors le document qui suit.

La colonne à l’extrême gauche rapporte le numéro d’enregistrement de l’acte concerné. Pour obtenir une copie de cet acte, il faut appuyer sur l’onglet Consulter, puis sélectionner Actes, radiations, avis d’adresse. On obtient alors le formulaire suivant.

Le résultat de la recherche apparaît en second lieux. De ce qui a été numérisé pour Deux-Montagnes, un seul acte porte l’inscription 5881 et il se trouve au Registre B. Appuyer sur Soumettre donne alors le texte de l’obligation de Jean Baptiste Charbonneau envers Robert Langdell.

Les transcriptions incluent souvent une référence à une quittance en marge du texte. La numérotation de ces radiations est toutefois distincte de celle des actes, et le registre qui les contient n’a pas (encore) été numérisé.

L’index des immeubles ne contient pas toujours l’entièreté de l’historique des titres enregistrés depuis la création cadastre en 1860, malgré ce que suggère les sources officielles. Pour le lot 29 de la paroisse de St-Jérôme, par exemple, l’index débute en 1900. L’acte de 1868 enregistré sous le numéro 6134 (au Registre B) n’y est pas mentionné.

Afin d’extraire davantage d’information du registre foncier, il faut consulter l’index des noms. Jusqu’à la fin du 20e siècle, ce registre était disponible sur papier uniquement, mais les multiples volumes qui l’abritent ont depuis été numérisés. Pour les consulter, il faut appuyer sur l’onglet Consulter, puis sélectionner Index des noms/Zonage agricole pour obtenir le formulaire suivant.

Cette recherche est un peu plus difficile à maîtriser, mais les tableaux ci-bas, qui listent les volumes pertinents pour la période pré-1914, aident à y voir plus clair. Tout n’est pas simple pour autant. En plus des registres d’Argenteuil,  il faut considérer les volumes supplémentaires 9990X, qui couvrent des périodes apparaissant déjà à la série régulière. Pour l’instant, la raison pour cette superposition demeure mystérieuse, tout comme le système de numérotation des actes au volume 99903 de Deux-Montagnes.

Argenteuil

No volume Date début Date fin Nom début Nom fin
1 1842-01-01 1869-12-31 A Z
2 1854-01-01 1877-12-31 A W
99901 1834-01-01 1838-12-31 A W
99902 1834-01-01 1838-12-31 B W
99903 1842-01-01 1867-12-31 A Z

Deux-Montagnes

No volume Date début Date fin Nom début Nom fin
1 1857-01-01 1866-12-31 A Z
2 1866-01-01 1874-12-31 A Y
3A 1874-01-01 1914-12-31 A L
3B 1874-01-01 1914-12-31 L W
99901A 1882-01-01 1901-12-31 A L
99901B 1882-01-01 1901-12-31 L W
99902 1902-01-01 1914-12-31 A Y
99903 1883-01-01 1886-12-31 A W

De cette manière, on peur localiser au volume 2 l’entrée pour l’acte No 6134 (au Registre B), qui fait référence à une transaction entre Jean Baptiste Charbonneau, père, et Jean Baptiste Charbonneau, fils, sur un lot situé dans la paroisse de St-Jérôme. Toutefois, le travail nécessaire pour identifier les actes pertinents sans autre information est fastidieux et peut nécessiter plusieurs essais et erreurs.


Le coût de chaque consultation au registre foncier est de 1$. Ce ticket modérateur limite la possibilité d’atteintes massives à la vie privée. Et puisque les principaux utilisateurs de ce service sont les notaires, leurs clients absorbent aisément ce modeste coût. Pour la recherche historique et généalogique, par contre, ce ticket modérateur est un obstacle plus sérieux. Le volume d’actes à consulter dans ces situations peut en effet être important. Suivre les allers-retours de ma famille sur le rang Ste-Marie, par exemple, a coûté plus de 50$.

Sachant que la BAnQ a numérisé une quantité remarquable d’actes notariés des 18e et 19e siècles et que l’Univers culturel de St-Sulpice est à la recherche d’un financement pour numériser leurs terriers et de les rendre accessible à tous, ce tarif semble aller à contre courant. Même le terrier de Domptail Lacroix se détaille pour moins de la moitié de ce montant par page. Une solution mitoyenne serait d’éliminer toute charge pour la consultation d’actes de plus de 100 ans. Même une fenêtre de 120 our 150 ans serait plus raisonnable que le système actuel. Mais à qui se plaindre?


Je tiens à remercier chaudement ma belle-mère notaire et MG Vallières de m’avoir guidé à travers différentes étapes de cet apprentissage. Les erreurs et opinions demeurent néanmoins ma responsabilité entière.

 

Maisons historiques de la Grande-Côte de Blainville

On trouve une belle collection de structures historiques sur la Grande-Côte de Blainville. L’Inventaire du patrimoine bâti de la MRC de Thérèse-de-Blainville (de 2015) offre un aperçu de plusieurs d’entre elles, mais fournit très peu de contexte sur leur propriété. Voici quelques informations glanées ici et là.

167, chemin de la Grande-Côte, Boisbriand (lot 25 JD Lacroix, lot 90 du cadastre moderne). Cette maison est située sur l’ancien domaine de Thérèse de Blainville.
274, chemin de la Grande-Côte (lot 21 JD Lacroix, lot 96 du cadastre moderne). Maison Bélanger (quelques détails).
331, chemin de la Grande-Côte (lot 19 JD Lacroix, lot 80 cadastre moderne). Maison Abraham-Dubois.
394, chemin de la Grande-Côte (lot 17 JD Lacroix, lot 102 cadastre moderne). Maison Léon-Dion (inscrite).
531, chemin de la Grande-Côte (lot 12 JD Lacroix, lot 112 cadastre moderne).
541, chemin de la Grande-Côte (lot 11 JD Lacroix, lot 113 cadastre moderne). Un exemple de maison traditionnelle québécoise ayant préservé son authenticité architecturale, selon l’inventaire du patrimoine bâti.

Malheureusement, l’imposante résidence Caumartin (ou maison Calais-Dubois, au 232, chemin de la Grande-Côte), n’est pas visible de la route et n’est pas classée non plus, mais on peut tout de même l’entrevoir en page 30 de l’Inventaire. 

Maison Abraham-Dubois: Moment charnière

Depuis avoir subi les dommages d’un feu, juin 2018, le futur de la maison Abraham-Dubois est encore plus incertain qu’avant. Un rapport* soumis en novembre dernier a déclaré la situation critique si l’infiltration d’eau par le toit n’était pas arrêtée sous peu. Six mois plus tard, rien n’a encore été fait.

Un trou dans la toiture arrière de la maison Abraham-Dubois, le 13 mai 2019.

Les citoyens de Boisbriand doivent maintenant choisir de restaurer la structure ou de la raser. Les consultations ont lieu ce mois-ci.

Annonce de la consultation citoyenne.

Le consensus citoyen laissera-t-il le tout disparaître? Je crains que les chances soient bonnes.


*: Atelier Idéa: Architecture+Design. Évaluation des travaux de restauration et conversion Maison Abraham-Dubois, Présenté à la Ville de Boisbriand, 16 novembre 2018.

Nouvelles Trouvailles

J’ai récemment pu visiter le centre d’archives de la Société d’histoire et de généalogie des Mille-Îles. Une belle trouvaille: le terrier du seigneur Janvier Domptaye Lacroix. Peu après avoir consolidé sa possession de la seigneurie Lacroix a entrepris d’en suivre les censitaires de près, émettant des titres nouveaux pour chacun des lots. Son terrier reflète cet effort dès 1822. Pour certains lots, le suivi se poursuit même après la vente de la seigneurie à George Henry Monk, en 1846. Avec l’aide de ce document, de quelques actes de répartitions et d’une carte lisible de la seigneurie (voir ci-bas vs la version numérisée disponible en ligne), il est maintenant concevable de reconstruire des chaînes de titres plus ou moins complètes.

Extrait de la Carte du comté de Terrebonne dans la Province de Québec, par J. H. Leclair, 1866.