Ce site décrit différents aspect de l’histoire, la démographie et la géographie du rang Sainte-Marie (aujourd’hui à Mirabel) et de quelques autres lieux choisis des Basses-Laurentides. Il reflète et capture la reconstruction du cadastre historique du Rang Ste-Marie que j’ai entreprise au moment où ce site a été créé.
L’opération est (sans grande surprise) motivée en partie par ma connection familiale au rang, mais elle s’inscrit dans un intérêt plus large pour la vie sociale des communautés rurales et la migration hors des terres de la vallée du Saint-Laurent à l’époque du Québec dit traditionnel.
Un collègue a récemment partagé une nouvelle insolite à propos du rang Sainte-Marie. Le 4 juin 1947, un hydravion argentin avec 14 passagers à bord est atterri d’urgence sur le rang. Le pilote, M. Guillermo Lessa de Buenos Aires, un officier naval argentin, ainsi que les autres passagers s’en sont heureusement sortis indemnes.
The National Archives At Washington, D.c.; Washington, D.c.; Series Title: Passenger and Crew Manifests of Airplanes Arriving At Miami, Florida; NAI Number: 2788537; Record Group Title: Records of the Immigration and Naturalization Service, 1787 – 2004; Record Group Number: 85 (via Ancestry)
Isabelle Gagné a récemment assemblé une fresque historique sur l’aéroport de Mirabel en oeuvre numérique. Le résultat est superbe et touchant à la fois. Au surplus, on y trouve des traces du rang Ste-Marie. Ça vaut le détour!
Un lecteur de la région m’a récemment fait parvenir une très jolie photo historique de la maison Hormisdas Thérien (aujourd’hui détruite), sur le rang Sainte-Marie. La collection est maintenant à jour.
Une entrée récente sur le blogue de Bibliothèque et archives Canada rapporte que la carte Murray (1761) a récemment été restaurée et numérisée. Cette nouvelle m’a fait réaliser qu’il pourrait être possible de repérer les habitations de quelques habitants de la région de la Grande Côte de Blainville (actuelle), dont celles des frères Charbonneau, à cette époque.
Ma tentative préliminaire d’alignement (utilisant deux panneaux (et ici) de la carte) suggère qu’on trouve en effet plusieurs maisons sur ce territoire. La cartographie suggère également que les terres sont cultivées, mais que le chemin public de la Grande Côte n’existe pas encore. Ces observations sont en accord avec les chaînes de titres qui indiquent de diverses concessions eurent lieu dans les années 1740. Il semble en effet y avoir deux grappes de d’habitations: sur les lots (au terrier) 17-20 (contenant celles des trois frères Charbonneau) et aux 13-14. La superposition permet également d’identifier un cours d’eau, un peu plus en amont, qui semble toutefois avoir disparu par la suite.
Cela dit, la carte a des limites bien documentées. Au surplus, une analyse provisoire de St-Eustache a identifié d’autres lacunes. Une reconstruction plus complète des chaînes de titres au 18e siècle et les procès-verbaux des travaux des aménagements hydrauliques permettront peut-être un jour d’y voir plus clair.
Lors de mon passage chez les Sulpiciens, en décembre dernier, j’ai copié quelques pages des Rentes constituées-Lac des Deux-Montagnes. Mon impression initiale du document était plutôt négative, alors je ne l’ai pas considéré longuement. À la lumière d’une récente trouvaille d’une collègue, par contre, je réalise maintenant mon erreur.
Certaines rentes seigneuriales ont été rachetées mais d’autres ont été payées jusqu’au milieu du 20e siècle (voir cet article pour plus de détails). Les Rentes constituées… indiquent donc non seulement quelques-uns des paiements faits, mais aussi quels propriétaires ont racheté leur rente avant d’y être forcés.
Ceux qui ne l’avaient pas fait avant 1935, se le sont fait mandater par voie légale. Ma collègue a récemment découvert que la BAnQ possède les actes relatifs à ces rachats pour la Seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes et ils sont disponibles sur BAnQ numérique. En comparant les Rentes constituées… à ce document on obtient une perspective plus complète du processus. Les Rentes consitutées… fournissent, par ailleurs, la correspondence entre la numérotation du terrier et celle du cadastre seigneurial(!), dont l’existence même m’échappait jusqu’à tout récemment.
La côte Ste-Marie, comme bien des côtes du comté de Deux-Montagnes, a reçu une couverture médiatique soutenue au moment de son expropriation pour la construction de l’aéroport de Montréal (Mirabel). Mais pour la côte Ste-Marie, cette opération n’était pas isolée. Ce n’est qu’une des cinq amputations qu’elle a subi au cours du 20e siècle. Ce qu’il en reste aujourd’hui est donc particulièrement morcelé.
En 1921, le Canadian Northern Quebec Railway Company achète une partie des terres au sud-ouest de la côte, afin d’y passer une nouvelle ligne (e.g., l’acte enregistré au DM38918 RB, le 13 décembre 1921). Dans la photo aérienne ci-bas, on voit très bien la coupe des terres qui en résulte.
En 1956, l’annonce de la construction de l’autoroute 15 (la première autoroute de la province), résulte en l’expropriation des lots à la limite nord du rang.
En 1959, ce qui deviendra la connection entre les autoroutes 50 et 15 résulte en des expropriations supplémentaire au nord-est du rang (e.g., l’acte enregistré au DM96247 RB, le 24 décembre 1959). Les propriétaires consentent alors “une servitude réelle et perpétuelle à l’autoroute”!
En 1969, pour la construction de l’aéroport de Mirabel, le ministère des transports canadiens émet un certificat d’expropriation (enregistré au DM133274 RB, le 27 mars 1969) dans lequel tous les lots identifiés à l’acte “distraction faite des chemins publics et des chemins de fer” deviennent possession de sa Majesté la Reine.
Cette distraction vaudra finalement à l’administration fédérale une seconde transaction (enregistrée au DM147374 RB, le 26 janvier 1971) afin d’acquérir les avoirs de la Canadian Northern Quebec Railway Company sur le rang.
Finalement, au milieu des années 1970, la construction de l’autoroute 50 coupe ce qu’il reste du rang au nord de l’aéroport en deux à nouveau.
En 1850, les commissaires de la municipalité scolaire No 4 de St-Jérôme ont acquis de Jean Baptiste Charbonneau, au lot 908 (du terrier des Sulpiciens, No 10 au cadastre), sur la Côte Sainte-Marie, un terrain de 57 pieds de front par 74 pieds de profondeur “à perpétuité […] pour l’objet de l’éducation”*. Ils y ont ensuite établi une petite école. L’acquisition semble avoir résulté en des difficultés financières qui ont laissé des traces judiciaires et notariales. On trouve, en effet, mention du terrain dans une des ventes judiciaires du shérif du district de Terrebonne, Germain Raby (No 58), et ensuite dans sa revente aux commissaires (devant le notaire Lefebvre de Bellefeuille, No 1338) entre 1860 et 1862. Est-ce que cet épisode a une quelconque relation avec la réorganisation de la municipalité scolaire annoncée au Journal de l’instruction publique, 1(11), 213 (1857)? Je n’en sais pas plus pour l’instant.
D’après une de ses ancienne étudiantes, dans les années 1940, l’école était divisée en deux: le petit coté (direction Ste-Monique) pour les élèves plus jeunes et le grand côté (direction St-Jérôme) pour les plus vieux. À l’étage, on trouvait les appartements pour les deux institutrices, une cuisine et deux chambres et un grenier, alors qu’à l’arrière, on trouvait les latrines et l’entrepôt à bois de chauffage.
Les recensements nous fournissent, par ailleurs, le nom de quelques-unes des institutrices:
À ce moment-ci, je ne connais pas beaucoup d’autres détails à propos de cette école, si ce n’est qu’elle était encore ouverte au milieu des années 1940 et que l’édifice a été privatisée le 26 juin 1957.
Dans ma jeunesse, ma famille a toujours fait référence au rang Ste-Marie. Ce fut donc une surprise de découvrir, à travers mes recherches, que le nom original du chemin de base était plutôt côte Ste-Marie.
Quand le nom a-t-il changé? À la construction du cadastre de 1861 pour moderniser, uniformiser ou corriger la terminologie? Ou à la fusion des villages qui forment Mirabel en 1971, afin d’éviter les doublons? Ou à la construction de l’autoroute 50, qui coupe alors le chemin public en deux parties distinctes (et distantes)?
Je ne sais toujours pas la réponse, mais les actes notariés du 20e siècle suggèrent qu’aucune de ces hypothèses ne tient la route. En effet, dès décembre 1944, le notaire Gustave Léonard utilise le terme aux actes No 11959 et 11960, par lesquels Alexandre Charbonneau vend les lots 908 et 769 (au terrier des Sulpiciens) à ses fils Léopold et Aimé, respectivement. Le mystère perdure donc.