On Contemplation Mountain : Abd Al Malik or Modern Blackness in Jazz

Andy Cabot

Abd Al Malik Gibraltar Live 2007

“Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune noir qui pleure un rêve qui prendra vie, une fois passé Gibraltar.
Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune noir qui se d’mande si l’histoire le retiendra comme celui qui portait le nom de cette montagne.
Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune noir qui meurt sa vie bête de “gangsta rappeur” mais …
Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune homme qui va naître, qui va être celui qu’les tours empêchaient d’être.
Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune noir qui boit, dans ce bar où les espoirs se bousculent, une simple canette de Fanta.
Il cherche comme un chien sans collier le foyer qu’il n’a en fait jamais eu, et se dit que p’t-être, bientôt, il ne cherchera plus.
Et ça rit autour de lui, et ça pleure au fond de lui.
Faut rien dire et tout est dit, et soudain … soudain il s’fait derviche tourneur,
Il danse sur le bar, il danse, il n’a plus peur, enfin il hurle comme un fakir, de la vie devient disciple.
Sur le détroit de Gibraltar y’a un jeune noir qui prend vie, qui chante, dit enfin « je t’aime » à cette vie.
Puis les autres le sentent, le suivent, ils veulent être or puisqu’ils sont cuivre.
Comme ce soleil qui danse, ils veulent se gorger d’étoiles, et déchirer à leur tour cette peur qui les voile.
Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune noir qui n’est plus esclave, qui crie comme les braves, même la mort n’est plus entrave.
Il appelle au courage celles et ceux qui n’ont plus confiance, il dit : “ramons tous à la même cadence !!!”.
Dans le bar, y’a un pianiste et le piano est sur les genoux, le jeune noir tape des mains, hurle comme un fou.
Fallait qu’elle sorte cette haine sourde qui le tenait en laisse, qui le démontait pièce par pièce.
Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune noir qui enfin voit la lune le pointer du doigt et le soleil le prendre dans ses bras.
Maintenant il pleure de joie, souffle et se rassoit.
Désormais l’Amour seul, sur lui a des droits.
Sur le détroit de Gibraltar, un jeune noir prend ses valises, sort du piano bar et change ses quelques devises,
Encore gros d’émotion il regarde derrière lui et embarque sur le bateau.
Il n’est pas réellement tard, le soleil est encore haut.
Du détroit de Gibraltar, un jeune noir vogue, vogue vers le Maroc tout proche.
Vogue vers ce Maroc qui fera de lui un homme …
Sur le détroit de Gibraltar … sur le détroit de Gibraltar …
Vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc,
Sur le détroit de Gibraltar, vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc …”

 In 2006, the French rapper Abd-Malik released « Gibraltar » as the first single of the eponymous album. During an interview, he described the song as a landmark in his career, an artistic gesture incarnating his spiritual and human journey :

En fait, ce Noir, c’est moi. Mais, j’ai essayé de faire en sorte que d’autres puissent s’y projeter et en faire une toute autre interprétation. C’est l’idée que le Nord a évidemment fait de moi ce que je suis. Mais ce qui m’a rendu vivant, c’est le Sud. Ce rapport particulier que j’ai avec le Maroc, avec l’Afrique, c’est ce qui fait de moi l’individu que je suis. J’ai eu envie de dire : tout le monde va dans un sens et bien moi je vais dans l’autre

 After the single’s release, the young artist gained increased recognition in his home country. Leading media and newspapers and France endeavored the multiple musical traditions Abd Al Malik considered as primordial. In 2012, after publishing his third written novel Le dernier français he praised the many authors and artists which had influenced him. These names that came to define his sound, his music and his thought demonstrated its extremely large culture: Seneca, Dante, Deleuze. Aime Cesaire, Jacques Brel, Juliette Gréco and Raymond Carver.

 Today, at the height of his musical career, Malik is widely considered as a talented musician and author. Some even called him the « last poet » in a country where the influence and commercial impact of rap music still unleashes heated intellectual disputes from time to time.

 However, at the time of « Gibraltar », Malik had not experienced a significant commercial breakthrough. As he meditates on his coming of age in his largely autobiographic novel, a feeling of discomfort and bitterness animates the artist:

 Il resta debout et regarda ses baskets en fredonnant le refrain du morceau 3 qui se terminait. Les cris avaient commencé dès la fin de la matinée, pendant qu’il prenait son petit déjeuner dans la cuisine. Alors, le jeune homme de 24 ans s’était enfermé dans sa chambre et n’en étant plus sorti. Ils s’engueulaient comme ça depuis toujours, son frère aîné et sa mère. Peut-être même déjà avant que le père s’en aille (Abd Al Malik, 28-29)

 In a large sense, Malik’s childhood experience was typical of many young migrants from France’s ex-African colonies who left their native countries after the 1960s decolonization. Born in Paris in 1975, Abd Al Malik, Régis Fayette Mikano of his real name, moved back to Congo Brazaville with his family in 1977 where his father held a high placed position in the Congolese government. In 1981, ethnic conflicts forced him to leave his country with his family. By then, the Mikano’s family was settled near Strasbourg in the North East of France.

 Isolated from his father and the rest of his family, the then Régis Fayette found a refuge in literature and street violence. During his teen years, he got involved in several cases of house break-ins and aggressions while being at the same time a model schoolboy. As he later admitted, this world of words and rage was embedded in its complex relation to literature « There’s everything in literature. Its like a fireshot ». Lacking vision and models, Malik’s adolescence was thus marked by a restless search for inner peace.

In the late 1990s, two discoveries played a decisive role in his life : Music and Islam. The spiritual questioning on his condition first emerged. In 1998, after several encounters with Hamza al Qâdiri al Boutchichi, spiritual guide of the Qadirriyya Boutchichiyya brotherhood located in Morocco, Kayette became a new convert. Close to Sufism –a branch of Islam religion focused on the internalization of its creed and close readings of the Quran- the artist described his conversion to as a turning point in his life, a way to return to a mythical African self. Then, a new found passion in music completed this spiritual journey. As he went through religious education, music found its way into Kayette’s heart. In 1996, his first musical act New African Poets released their first LP album and helped him along with his stage partners gain national attention from well-known French rappers. (Abd Al Malik, 72-77)

During his first years as a solo artist, the once lost teenager started to reflect on his past years. At the turn of the century, he decided first to change his name for a Muslim patronym. Régis Fayette Mikano thus became Abd Al Malik.

 « Gibraltar » is first and foremost a remembering of these years. A manner of speaking the inner Malik faced with the remains of colonial prejudice, the distant « Africa », the lost familial bound. In a sense, it relinquishes on traditional themes of a highly symbolic exile (the African captive) faced with its modern condition (Diasporic migrations). Interestingly, Malik uses a simple melodic pattern throughout the song borrowed to Nina Simone’s “Sinnerman” thus showing the deep emotional relation with past African-American melancholic yearning and other diasporic communities : “Il cherche comme un chien sans collier le foyer qu’il n’a en fait jamais eu, et se dit que p’t-être, bientôt, il ne cherchera plus.”

In many ways, the song is also a strong vindication of a universal Islam unified with Black African culture. It considers in the most blatant terms the cultural genocide committed by Western nations against Islam in the aftermath of 9/11 : “Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune homme qui va naître, qui va être celui qu’les tours empêchaient d’être.”

 Throughout journeys evoked and spiritual transformations, « Gibraltar » appears as a centerpiece of many debates : the place of migrant communities in contemporary France, the renewed interest in Islam for Black communities in Europe but also the rapprochement of Diasporic communities throughout the Atlantic. But, in a larger sense, its prime interest points us towards another direction : the still infinitely complex condition of European blacks in the 21th century.

References :

MALIK Abd Al, La Guerre des Banlieues n’aura pas lieu, Paris, Le Cherche Midi, 2010.

 

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