Christian “Chucho” Benítez

Petit et solide, mais rapide et évasif, Christian Benítez pouvait marquer avec les pieds ou avec la tête. Benitez, ou « Chucho » comme le surnomment ses légions d’admirateurs, est devenu l’une des vedettes de l’équipe nationale équatorienne lors des matches qui ont précédé la Coupe du Monde 2006. Lors de la deuxième participation de l’Équateur à la Coupe du Monde, Benitez portait sur ses épaules les espoirs et les rêves de ses 16 millions de compatriotes, qui depuis des décennies avaient connu la frustration unique d’aimer ardemment un sport qui semblait ignorer leur petit pays andin. Depuis ses débuts avec le Nacional de Quito jusqu’à son passage dans la Ligue Mexicaine avec Santos Laguna et le Club America, Benitez a développé une base de fans fidèles composée de Mexicains et d’Équatoriens.[1] Même le passage infructueux de « Chucho » à Birmingham a été salué comme un exemple de l’excellence du football équatorien, puisqu’il a pu jouer—bien que brièvement—dans une équipe européenne.[2] Le 28 juillet 2013, alors qu’il faisait son début au club sportif El Jaish du Qatar, Benitez a joué comme il le faisait depuis sa jeunesse à Quito.[3] Aucun Equatorien, Mexicain ou Qatari ne pouvait prévoir ce qu’il adviendrait de cet homme, cet athlète seulement quelques heures plus tard. Je ne me souviens pas de ce que j’étais en train de faire le 29 juillet 2013 lorsque mon frère est venu me donner la nouvelle, mais je suis certain que « Chucho » était loin de mes pensées. Ironiquement, le fait que Benitez soit décédé si loin de son pays d’origine n’a fait que renforcer l’ampleur de sa mort en Équateur. Pendant des jours, les chaînes de presse ont spéculé sur la mort soudaine du joueur âgé de 27 ans. Des milliers de personnes ont visité son cercueil dans le Coliseo General Rumiñahui pour faire ses adieux à ce fils de l’Équateur, qui, à sa mort, était devenu un héros. Et—comme il est d’usage après toutes les tragédies—les vendeurs de rue ont saisi l’occasion de tirer un profit, remplissant les rues de Quito avec tout ce qui aurait pu être vendu avec le visage de « Chucho » dessus. Sans doute, la perte de « Chucho » a été dévastatrice car il faisait partie d’une génération d’or de joueurs de l’Équateur, qui, avec Antonio Valencia, avait permis au pays de commencer à se faire connaître dans le football international. Pourtant, il y a quelque chose d’autre dans sa mort qui la rendait encore plus déconcertante. Cet homme, cette quintessence d’excellence sportive était décédé subitement d’un arrêt cardiaque.[4] Au-delà de la perte d’un joueur bien-aimé, sa mort était un rappel brutal de notre propre mortalité, une sombre histoire d’une vie interrompue sans raison, sans que personne ne puisse être blâmé à part la vie elle-même.

 

[1] “Christian Benitez: Former Birmingham striker dies aged 27,” BBC Sport, 29 July 2013, https://www.bbc.com/sport/football/23492978.

[2] Ibid.

[3] “Qatar footballer dies at age 27 of ‘respiratory arrest’,” Doha News, 29 July 2013, https://dohanews.co/qatar-footballer-dies-at-age-27-of-respiratory-arrest/.

[4] “Christian Benitez: Former Birmingham striker dies aged 27,” BBC Sport.