Depuis les quatre derniers tournois de la Coupe du monde masculine, à compter de 2006, la France compte le plus grand nombre de joueurs (et d’entraîneurs) nés dans le pays, qu’il s’agisse de l’équipe nationale de France ou de l’équipe d’un autre pays. Lors de la dernière Coupe du monde en Russie, 52 joueurs participant au tournoi sont nés sur le sol français. La majorité des pays du monde peinent à trouver suffisamment de joueurs pour former une équipe suffisamment bonne pour se qualifier pour la Coupe du monde. Cependant, avec 52 joueurs nés dans le pays, l’équipe française aurait pu aligner près de cinq formations de joueurs de football de calibre mondial.
Parce que Paris est de loin la plus grande ville de France, il n’est donc pas surprenant que près de 30% des Français nés en compétition qui ont participé à la Coupe du Monde 2018 soient originaires de la ville de Paris. Ainsi, Paris produit le plus grand nombre de joueurs de la Coupe du monde de football en Coupe du monde. Depuis 2002, soixante parisiens ont participé au tournoi de la coupe du monde.
La FIFA, l’organisme mondial de réglementation du football, permet aux joueurs de football de jouer dans tous les pays avec lesquels ils ont un lien évident, comme le pays de leurs parents ou de leurs grands-parents. Cela contraste avec les Jeux olympiques où les joueurs de football ne peuvent jouer que dans le pays où ils ont la citoyenneté légale. Cette règle de «connexion claire» a été établie en 2004 par la FIFA après que des pays comme le Qatar aient tenté d’offrir la citoyenneté à des footballeurs brésiliens n’ayant jamais habité ni même visité le pays.
L’histoire française de la colonisation en Afrique et dans les Caraïbes explique en grande partie la pléthore de joueurs de Coupe du Monde nés en France aujourd’hui. Dans les années 60 et 70, une grande majorité de nations africaines gagnaient la souveraineté à la suite de guerres d’indépendance avec la France. La France s’est souvent retirée de ces pays colonisés, les laissant déchirés par la guerre et politiquement chaotiques, ce qui a entraîné une situation sociale et économique difficile pour de nombreux habitants. Au même moment, l’économie française était en croissance et connaissait une pénurie d’emplois. De nombreux habitants de colonies françaises précédemment occupées ont immigré en France en raison d’une connaissance africaine de la langue et de la culture françaises. Cette longue histoire française de l’immigration explique également la popularité des joueurs parisiens nés à la Coupe du Monde. 38% des immigrants qui viennent en France s’installent dans le Grand Paris. La plupart se retrouvent dans les banlieues situées à l’extérieur de Paris, c’est-à-dire des ensembles de logements construits dans les années 60 et 70 et destinés aux immigrants qui arrivent à Paris.
C’est donc la diversité des immigrés de Paris et de la France, alliée à la règle de la «connexion claire» de la FIFA qui a permis, lors de la dernière Coupe du monde, d’augmenter le nombre de joueurs français d’équipes d’autres pays que l’équipe nationale française.
Dukic, Darko. “Most World Cup Talent Are Born in France (data Analysis).” RunRepeat. July 31, 2018. Accessed April 17, 2019. https://runrepeat.com/most-football-talent-france.
“Why France Produces the Most World Cup Players.” Vox. July 06, 2018. Accessed April 17, 2019. https://www.youtube.com/watch?v=P55XYp2KD2Y.
C’est une très belle analyse, Donovan, sur une question vraiment fascinante — l’étude de Dukic me semble vraiment important. Et ces autres examples sont aussi vraiment fascinant, Alec, notamment la Suisse. Le cas de l’Algérie est aussi important. Merci!
Je suis d’accord que ces statistiques sur l’abondance des joueurs français qui participent dans le Coupe du Monde sont très intéressants. En générale, c’est très fascinant comment et pourquoi certains joueurs décident de jouer pour leur pays d’origine familiale, leur pays de naissance, ou leur pays de résidence. Comme vous avez dits, l’histoire coloniale de la France assure qu’il y a beaucoup de joueurs français qui sont des enfants des immigrés africains, s’ils ne sont pas nés en Afrique eux-mêmes (y compris Samuel Umtiti, né en Cameroun, et Steve Mandanda, né en République Démocratique du Congo). Et bien sûr, pour les mêmes raisons, il y a beaucoup de joueurs nés en France qui sont « exportes » aux autres équipes nationales.
En examinant l’autre cote, c’est-à-dire les pays qui « importent » le plus grand nombre des joueurs, j’ai trouvé que c’est le Maroc : incroyablement, 17 de ses 23 joueurs a la Coupe du Monde de 2018 ont été nés en dehors du pays—8 en France, 5 en Pays-Bas, 2 en Espagne, 1 en Canada, et 1 en Belgique. Selon journaliste Tariq Panja, les décisions pour ces joueurs ont été un résultat de leur fierté familial et un désir de satisfaire leurs parents, ainsi que les considérations de leurs opportunités : pour quelques de ces joueurs, il aurait été presque impossible de trouver une place dans l’équipe de leur pays natales, en générale des géants du foot mondiales, mais avec leurs expériences dans les académies européens ils avaient une formation qui dépassent celle offert dans le Maroc. Une autre raison proposée par Panja ? La croissance du nationalisme en Europe, et par conséquent l’aliénation des joueurs immigres (et en particulier des joueurs musulmans).
Un autre pays « importateur » qui m’a frappe—la Suisse. 8 joueurs de l’équipe suisse ont été nées ailleurs, y compris Xherdan Shaqiri et Valon Behrami, qui ont été nées en Kosovo et qui ont émigré à cause de la guerre en Yougoslavie. C’est notable que pendant un match contre la Serbie en 2018, Shaqiri a célébré un but avec un geste d’aigle, un symbole Albanais qui a cause beaucoup de tension a cause de l’histoire violent entre l’Albanie et la Servie (y compris la Guerre de Kosovo de 1998-99, dans laquelle plus de 8,000 kosovar et plus de 2,000 serbes ont été tues). En résultat, FIFA a donné une amende de 10,000 francs a Shaqiri, et a cause de peur Liverpool a laisse le joueur en Angleterre pendant leur match contre Red Star Belgrade en Novembre 2018.
C’est clair, donc, que les choix et les histoires des joueurs transnationaux sont très importants, dans la construction des équipes ainsi que dans la construction du foot comme espace politique.
Kosovo War. (2019, April 18). Retrieved from https://en.wikipedia.org/wiki/Kosovo_War#Casualties
Panja, T. (2018, June 05). In Morocco, an Imported Team for the World Cup. Retrieved from https://www.nytimes.com/2018/06/05/sports/world-cup-morocco.html
Zhou, Y. (2018, June 14). One in 10 players at the World Cup were born outside the country they play for. Retrieved from https://qz.com/1304644/world-cup-2018-the-teams-with-the-most-foreign-born-players/