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L’identité et les etiquettes dans Black Bazar

L’idée d’étiquettes et de l’identité est très importante en Black Bazar. Chaque personnage est décrit dans des termes inhabituels et explicite basé sur une caractéristique déterminante de la communauté bazar.

Mabanckou renverse la façon dont les Noirs en Afrique de l’Ouest ont été identifiés par des traits visibles ou générale. Ils n’ont pas été considérés comme des personnes, mais comme une couleur de peau (page 65). Il se moque avec Couleur d’origine, Roger le Franco-Ivoirien, l’Arabe du coin, etc

Fessologue est différent. Il est nommé par ce qu’il fait, et non pas ce qui il est. C’est ainsi que les blancs étaient considérés par leur profession et non pas simplement leur couleur de peau. Cependant, il renverse à nouveau la dynamique et objective blancs, en particulier les femmes, et les réduit à leur apparence.

Mais Black Bazar est aussi un rejet de l’identité française comme homogène. Mabanckou met beaucoup d’efforts dans la création d’un monde qui n’est pas français. Le bar où Fessologue va boire n’est pas un café typique, ni avoir un nom français. Ses amis ne sont pas français. Ses idées ne sont pas français et sa vie n’est pas français.

Le but de cela est pour créer pour l’audience une communauté qui n’est pas français à Paris, qui est considérée comme le centre de la culture francophone. Pourtant, cette idée masque les communautés là-bas qui ne vivent pas dans les moyens que nous pourrions imaginer. Il diminue leurs histoires et leurs expériences en place d’un idéal français. Mabanckou utilise l’identité de ce roman à rejeter cette notion pour mettre en évidence les récits de véritables communautés, y compris leurs cultures, leur complexité et leur diversité.

Le Style d’Écriture dans Black Bazar

En faisant des recherches sur Black Bazar sur le web, j’ai trouvé un article intéressant titré « Singularly Adaptable : On Alain Mabanckou » dans The Nation.

http://www.thenation.com/article/170916/singularly-adaptable-alain-mabanckou

Ce qui me frappait dans cet article, c’est son traitement du sujet de l’écriture de Mabanckou. L’article souligne un passage que j’ai aussi remarqué dans la première partie du livre, quand Roger Le Franco-Ivoirien attaque le projet de Mabanckou d’écrire Black Bazar, disant « Pourquoi écris-tu ? Tu crois que c’est tout le monde qui peut écrire des histoires, hein ? . . . Écoute, mon gars, sois réaliste ! Laisse tomber tes histoires de t’asseoir et d’écrire tous les jours, y a des gens plus calés pour ça . . . c’est pas notre dada, l’écriture. Nous c’est l’oralité des ancêtres . . . » (13-14). Comme dans ce cours nous nous occupons beaucoup de manières différentes dont des auteurs décrivent leurs expériences et l’histoire de leurs pays d’origine, je pense qu’il vaut examiner le style de l’écriture dans Black Bazar, comme cet article fait.

Ce que j’ai remarqué en lisant le texte de Mabanckou, c’était les « monologues » des personnages différents. Par exemple, celui de l’Arabe du coin introduit des idées intéressants, comme comment il pense que l’Afrique, c’est « le continent de la solidarité » et que les Européens ont piqué des idées des Noirs intelligents (112-114). Plus tard, Mabanckou inclut un grand monologue de monsieur Hippocrate à propos des avantages de la colonisation, et même son propre monologue au Breton de l’histoire du Congo-Brazzaville. Ces monologues reflètent des aspects de l’oralité que Roger Le Franco-Ivoirien dénonce au début du livre.

Une autre partie de l’analyse de cet article que j’ai trouvé intéressante, c’est quand il dit que :

« If Buttologist has an advantage over all these people who talk his ear off, it’s because he’s a writer, or because he’s becoming a writer. Literature may not offer him solutions to his problems—at least not solutions that are immediately recognizable as solutions—but it’s the act of writing that enables him to transcend the habits of mind in which his countrymen remain trapped. Black Bazaar is about learning that wonderful, surprising lesson: Literature matters; literature can change your life. Buttologist is the only character in the novel who achieves anything like a sense of peace, and he does so by way of the books he reads and the book he’s trying to write. »

Rétrospectivement, je trouve cette citation vraie, parce que même si les personnages mentionnés au-dessus comme l’Arabe du Coin, Monsieur Hippocrate, et Yves l’Ivoirien qui veut toujours analyser les actions du Fessologue pour voir s’ils combattaient la cause de renverser la dette coloniale, se plaignent beaucoup, rien ne change dans le roman pour adresser ces plaintes. Par contraste, Fessologue prend un point de vue relativement calme, et l’écriture, avec l’humeur, l’aide à faire face au départ de Couleur d’Origine et sa fille, et en même temps à adresser et éclaircir des sujets profonds de la diaspora africaine.

Passage Amusant dans Black Bazar

J’ai trouvé que ce passage dans la page 101 est très amusant:

“Henriette c’est un prénom de vielle! Tu sais, les Européens ils ne badinent pas avec les prénoms. Ils en ont des jolies comme Georges, Valéry, François ou Jacques… Mais en plus vous nous avez fait un bébé dans le dos, et vous imposez à la pauvre un prénom de l’époque jurassique!” (101)

Cette citation est une affirmation qu’un des amis du protagoniste lui dit quand il apporte sa nouvelle fille dans le bar. J’ai l’ai trouvé intéressante parce j’étais personnellement amusé quand je l’avait lue, et aussi parce que l’implication que les Européens donnent des noms différents des gens de couleur à leur fils est partie des thèmes principaux du roman.

Je trouve le prénom Henriette assez joli, mais il est aussi vrai qu’on l’associe avec des gens plus âgés. Je pense que la manière brusque avec que l’ami du protagoniste insulte le nom (“c’est un prénom de vielle!”) est au centre de l’humour. Il est vrai que Henriette est un peu un prénom de vielle, mais on ne le dirait jamais à haute voix au père! La victimisation de l’enfant dans la situation est aussi amusante – il l’appelle “la pauvre” comme si elle était vraiment une victime, et comme si la situation était beaucoup plus grave que en réalité. L’exagération dans la phrase “un prénom de l’époque jurassique” est aussi une source d’humour.

En plus au côté humoristique, il y a aussi une dimension sérieuse dans le passage. L’ami du protagoniste fait une distinction explicite entre les noms “Européens” et les noms “Africains” ou “des gens de couleur” quand il parle de comment “les Européens, ils ne badinent pas avec les prénoms.” Dans l’affirmation, il y a une division entre les noms choisis par “eux,” les Européens, et “nous,” les gens d’héritage Africaine. Cette subtile démarcation entre “eux” et “nous” est au centre des discours sur la race dans la France d’aujourd’hui. Souvent, le débat est autour de la question: est-ce qu’il est possible d’avoir une seule France pour tous les Françaises, et pas multiples Frances divisés par race? Dans le passage, nous voyons assez clairement que l’expérience des personnages est une ou même les prénoms donnés aux bébés est sujet à être divisé par race.

Les Sapeurs de Black Bazar

La Culture des Sapeurs

En faisant des recherches pour les thèmes du roman Black Bazar, j’ai trouvé une mine d’information sur la mode du protagonist, celle du “Sapeur”. Le mot sapeur vient de la “Société des Ambianceurs et Persons Élégants,” une groupe des hommes congolais de Brazzaville très bien habillés dans les en habits de Versace, D&G, Prada, Gucci, etc. La mode sapeur a décollé pendant les années 70 et 80s quand le fondateur du mouvement Papa Wemba (un chanteur congolais) a introduit la haute couture française aux hommes congolais.

“Multiple trips to Paris in the early 1980s only fueled his fever for French fashion, and Papa Wemba soon developed a flamboyant, exaggerated style that was in direct opposition to the Mobutu-approved uniform… it was a throwback to the elegance of the 1930s—complete with tapered trousers, brogues, neatly trimmed hair and tweed hats worn at a rakish angle. For Congolese all over the world, the look was irresistible. SAPE was born.”

Pendant cet introduction, les sapeurs se sont développés une culture unique et durable en Brazzaville et Kinshasa. Et récemment les sapeurs attirent beaucoup d’attention des écrivains et photographes de mode, et même la culture populaire. Le photographe Héctor Médiavilla photographie et traite des Sapeurs pendant neuf ans. En parlant de la logique et la philosophie des sapeurs, il dit:

“A Sapeur, by definition is a non-violent person, despite the 3 civil wars that have taken place since the independence. They stand for an exquisite morality, but as they say ‘There can only be Sape when there is peace.’ They represent an illusion that has been supported by the government itself, trying to normalize a post-war situation.”

On peut regarder ses photographes ici: http://zonezero.com/exposiciones/fotografos/mediavilla/index.html

Tom Downey du Wall Street Journal a écrit un intime des sapeurs et a conclu:

“Watching him walk onto the dance floor I realize that when men dress as Sapeurs they become different people. Their gait, their gestures, and their manner of speaking are all transformed. The clothes are the gateway into a whole other way of being in the world.”

 

Le photographe italien Francesco Giusti a un portfolio sublime des photos des sapeurs:

Solange Beyoncé a enregistré sa nouvelle chanson “Losing You” avec des Sapeurs de Brazzaville.

 

Mabanckou a produit un album après la nouveauté de Black Bazar qui présente des musiciens congolais pour “changer comment on comprend la musique africaine.” Dans le clip vidéo en dessous on voit un camée de Mabanckou lui-même. Cette chanson parle directement de Black Bazar et le style des sapeurs.

http://www.youtube.com/watch?v=841i137-CYg

 

Sources:

http://online.wsj.com/article/SB10001424053111903927204576574553723025760.html

http://www.africafeed.com/post/73905767/the-sapeurs-of-congo-open-gutters-and-gucci-loafers

http://africasacountry.com/2012/03/03/black-bazar/

 

Black Bazar

Le livre écrit par Alain Mabanckou intitulé « Black Bazar » raconte l’histoire d’un écrivain originaire du Congo. Tout au long de l’histoire, il raconte sa vie quotidienne passée en France entourée d’immigrants venant la grande majorité d’Afrique. M. Mabanckou utilise l’humour tout au long du roman de façon très précise. Le personnage principal surnommé « fessologue » dû à son obsession pour les derrières, mène une vie digne d’un immigrant arrivant en France. Tout au long de l’histoire, les lecteurs sont exposés aux rencontres entre le « fessologue » et d’autres immigrants africains. Les discussions de groupe au « Jip’s » (bar où les amis se retrouvent), souvent coquasses et humoristiques, nous plongent dans des aventures amoureuses, familiales, amicales, et raciales.

 

Il faut remarqué que tout au long du roman, Alain Mabanckou termine les chapitres avec des points de suspensions. Comme si il voulait laisser les lecteurs la liberté de penser plus profondément durant la lecture. M. Mabanckou utilise des mots très hors du commun pour d’écrire les personnages : Couleurs d’Origine, Fessologue, l’Arabe du coin, l’Hybride, et monsieur Hippocrate.

 

La construction de ce livre est très intéressante et Alain Mabanckou a su m’embarqué dans l’histoire dès les premières pages du roman.

Alain Mabanckou parle de Black Bazar

Dans un entretien publié en 2009 dans L’Express, Mabanckou parle de son roman, Black Bazar.

 

Sur la façon d’écrire son roman:

« C’est une histoire plutôt complexe! Au départ, juste après le Renaudot en 2006, j’ai commencé à écrire un livre qui s’intitulait La révolution horizontale. Après deux ans d’écriture, lorsque je suis allé au Rwanda, je me suis rendu compte que ce manuscrit ne me donnait pas satisfaction. J’ai arrêté de l’écrire pour développer un texte qui était déjà contenu à l’intérieur de La révolution horizontale: Black Bazar. Et je l’ai terminé en trois mois, au Rwanda, aux Etats-Unis et en France. Le livre a pris deux ans pour naître, mais je l’ai écrit en trois mois. »

Sur la part autobiographique de Black Bazar :

« Dans la plupart de mes livres, je suis présent dans chacun des personnages. La part d’autobiographie réside peut-être davantage dans le destin du narrateur, où je mets des choses que je puise à droite et à gauche de ma propre expérience. Le narrateur de Black Bazar est un apprenti écrivain, c’est un Congolais comme moi, et il aime les cols à trois boutons: je porte toujours des cols à trois boutons! Le rapprochement est vite fait. »

Sur « la communauté noire » :

 « On a tendance à parler de la communauté noire comme si les Noirs étaient une entité homogène. Quand vous analysez la composition de cette population, il n’y a pas plus hétéroclite. C’est un cliché que de penser que les Noirs de France sont unis. Pour être unis, il leur faudrait partager la même identité historique. Or ils sont tous venus en France par des moyens et pour des buts différents, entre ceux qui, partis faire des études, y sont restés, ceux qui invoquent l’exil politique ou économique. Ajoutons le cas, distinct, des Antillais… Parmi les Noirs de France, il faut différencier ceux d’Afrique centrale et ceux d’Afrique de l’Est, qui n’ont pas la même culture. De même qu’il y a des Africains de religion musulmane et d’autres de religion chrétienne. Comment voulez-vous regrouper toutes ces populations sous l’intitulé la “communauté noire”? Il y a les Congolais aussi, et des deux Congo! Une communauté se constitue par la reconnaissance des injustices qu’elle subit. Si on a pu parler de communauté noire aux Etats-Unis, c’est tout simplement parce que les Noirs ont subi là-bas la même injustice: la ségrégation raciale, les pendaisons pour la couleur de la peau… La communauté noire qui peut exister en France est celle qui va se fonder sur la lutte contre les injustices sociales subies sur le territoire français. »

 

En lisant ce roman, il faut faire attention à la question du racisme qui peut se manifester au sein de la même race. De plus, notez bien le manque de présence féminine dans le livre.

 

Dans un film court, Mabanckou parle encore de sa ville natale est sa vie aujourd’hui: http://www.bbc.co.uk/programmes/p00vbzc9